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Street art génération(s), indispensable expo à voir à Roubaix

Street art génération(s), indispensable expo à voir à Roubaix

12 April 2017 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

La Condition Publique, ancien bâtiment industriel roubaisien reconverti en laboratoire de création, accueille du 31 mars au 18 juin 2017 une grande rétrospective présentant 40 ans d’art urbain : des premiers gestes de Jacques Villeglé aux figures classiques de Jef Aérosol et de Banksy en passant par moult documents et photographies d’époque, l’exposition se distingue par sa volonté de mettre des visages et des intentions sur le beaucoup trop vague « street art » et de le replacer dans une histoire de l’art contemporain. À cette conception sérieuse s’ajoute un programme d’œuvres réalisées in situ, achevant de faire de cette exposition un délicieux cocktail qui a fait accourir toute la presse parisienne dans la petite ville du Nord. Une très belle réussite.

 

« On a tendance à associer ce qu’on appelle aujourd’hui l’art urbain ou le street art à ces espaces de chaos urbains, de banlieues en friche, or j’aime aussi les lieux habités, les lieux qui ne sont pas si urbains que ça ; il y a des villages de campagne dans lesquels c’est un délice d’intervenir, et je ne me sens pas si éloigné que ça de ce qu’on appelle le land art » a déclaré Jef Aérosol, pilier de l’exposition Street art génération(s), au micro d’Augustin Trapenard sur France Inter (le vendredi 7 avril), dégommant en quelques mots toutes les idées reçues que l’on peut avoir sur l’art urbain. L’artiste (né à Nantes en 1957) préfère d’ailleurs l’appeler art contextuel, dénomination nettement moins courante qui a le mérite d’autoriser les très nombreuses incursions du street art dans le monde contemporain, y compris à travers des expositions en galeries et des œuvres de commande – le dit « art de rue » semblant au demeurant se construire contre le marché de l’art.

img_3573Jef Aérosol donne donc le ton de cette exposition qui s’attache à construire une histoire vivante du street art en questionnant ses origines, ses principaux protagonistes new-yorkais et parisiens, ses définitions. Tout commence dans les années 70 avec les gestes vifs de Keith Haring qui égaye de petits bonhommes le métro américain, de Seen qui signe des wagons entiers ou encore de Jacques Villeglé qui laisse la ville et ses multiples affiches déchirées dessiner le portrait d’une modernité toujours plus généreuse en images publicitaires. D’ailleurs, puisque l’image est désormais partout, le street art saisit l’invitation et investit des lieux toujours plus inaccessibles, très hauts, très loin, très sales.

img_3568La brillante commissaire d’exposition Magda Danysz nous emmène rapidement au cœur de l’action, en présentant des bombes de peintures, des masques, des photographies, des plaques de métro recouvertes de graffiti : défiant la scénographie white cube de la Condition Publique, elle a proposé à quelques artistes de venir peindre directement sur les murs, comme Psykoze et sa version 2017 de La Liberté guidant le peuple. On est totalement dans le sujet, la peinture est encore fraîche, le sentiment d’authenticité grandit au fil de la visite grâce à une émouvante chimie.

Tout est dans le titre : l’histoire ici proposée couvre plusieurs « génération(s) », des années 70 aux derniers jours de mars 2017, et il est difficile de ne pas reconnaître un pan de sa propre vie, un morceau de sa propre culture, mêlée de musique et de références visuelles, mêlée de rap, de jazz, de rencontres dans le métro. En voulant restituer au mieux le contexte de création (et sans en faire des tonnes), cette exposition propose une révolution dans la compréhension de l’art contemporain : ici, il n’est pas conceptuel, il n’est pas l’objet de surenchères, ici, il est en plein travail et résonne avec l’époque, notre époque, notre quotidien.

Informations pratiques : 
Street art génération(s) à la Condition Publique (Roubaix)
Du 31 mars au 18 juin 2017
Du mercredi au dimanche de 13h à 19h
Tarifs : 5/3 € / gratuit -18ans et minima sociaux

Infos pratiques

“L’HISTOIRE D’UNE FEMME” TEXTE ET MISE EN SCÈNE PIERRE NOTTE au POCHE MONTPARNASSE.
“Une ombre chacun”, un premier road-book mélancolique de Carole Llewellyn
Maïlys Celeux-Lanval

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