
“Quelque part dans le désert”: les migrants dans l’objectif de l’Israëlien Ron Amir au MAM
Dans la cadre de la Saison France-Israël 2018, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris donne à voir le travail du photographe israélien Ron Amir. En 30 photos et 6 vidéos et 2,ans de terrain, Quelque part dans le désert suit le quotidien de demandeurs d’asile du camp de Holot (Neguev). Terrible et beau.
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De 2014 à 2016, le photographe israélien ne en 1973, grandi dans un kibboutz et représenté par la galerie Hezi Cohen de Tel Aviv, Ron Amir, suit le quotidien de réfugiés. Ils sont venus d’Érythrée et du Soudan et sont retenus au centre de détention de Holot, dans le désert du Neguev. Alors que ce centre a fermé, le travail – si beau plastiquement- du photographe interrogé la précarité. Ses clichés aux titres souvent ironiques («coin salon », « le fumoir d’Adam, Omar et Amis », « coin repas »… ) mettent en avant la manière dont le quotidien s’organise dans le sable et un éternel éphémère.
Ses vidéos montrent aussi cette attente vers le rien du désert, un jeune homme qui regarde hors champ, une roulotte qui propose un café mobile ou, en exergue, un autoportrait au travail qui s’intitule “Don’t move”. L’immobilité, l’on réalise ainsi qu’ils en meurent ces migrants si vivants, derrière le blanc du désert et le vert de quelques feuilles. Eux qui sont parfois là depuis des années, des lustres et même des décennies, qu’on entend parler Hébreu, demeurent dans des limbes que l’objectif étrangement familier du photographe israélien détaille et dénonce, tout en douceur mais tout en profondeur. Un travail important, un art puissant et une exposition qui oblige à ouvrir les yeux. A voir absolument avant le 2 décembre 2018.
Visuels : photos du vernissage (c) YH