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Pop Art : icons that matter au Musée Maillol, Paris

Pop Art : icons that matter au Musée Maillol, Paris

22 September 2017 | PAR Diane Royer

Le musée Maillol accueille « Pop Art – Icons that matter », l’exposition qui présente une soixantaine d’œuvres de la collection du Whitney Museum of American Art, New York, du 22 septembre au 21 janvier 2018.

 

Un nouvel éclairage sur le Pop Art ?

L’exposition revient sur les principaux points qui définissent le Pop Art. Il s’agit du mouvement artistique américain, de la côte Est, porté par des icônes masculines telles que Roy Lichtenstein et Andy Warhol, un courant pictural figuratif qui prend le contre-pied de l’expressionnisme abstrait, en détournant des matériaux, des moyens et des sujets de la publicité et de la société de consommation, à des fins quelques fois sarcastiques voire critiques.

L’exposition revient sur plusieurs caractéristiques du Pop Art pour affirmer leur pertinence mais également pour les nuancer. Si les personnalités principales de ce courant sont représentées, d’autres, moins connues en France, sont exposées. Des œuvres d’Allan d’Arcangelo et John Wesley figurent par exemple dans le parcours de l’exposition.

La question de la figuration est aussi abordée. Le Pop Art s’inscrit en opposition à l’expressionnisme abstrait, courant artistique ayant marqué les années 1950, symbolique de l’hégémonie américaine post Seconde Guerre mondiale. C’est pourtant l’un des membres du Pop Art, Robert Rauschenberg, qui remporte le Prix de la Biennale de Venise en 1964, affirmant ainsi la suprématie américaine. La bataille de la figuration est-elle cependant si tranchée ? Le Pop Art est-il réellement figuratif ? Si l’art et la vie paraissent fusionner dans les œuvres exposées, certaines peintures de Jim Dine, d’Allan d’Arcangelo notamment « dépersonnalisent » les portraits. L’autoportrait de Jim Dine se réduit à une double image de peignoir, tirée d’une publicité.

D’autres interrogations relatives à des « vérités » sur le Pop Art jalonnent la manifestation artistique, celle-ci par exemple : Le Pop Art est-il spécifiquement New-Yorkais ? Si le site emblématique, La Factory, atelier d’Andy Warhol, se trouve sur la côte Est des Etats-Unis, d’autres artistes affiliés au Pop Art travaillent en Californie, à Los Angeles notamment. Parmi eux, Billy Al Bengston et Ed Ruscha dont l’une de ses « marques de fabrique », une peinture présentant le logo de la 20th Century Fox, est proposée.

Autre écueil, l’absence de figures féminines. L’exposition du Musée Maillol, met l’accent sur des personnalités féminines associées au Pop Art telles que Christina Ramberg et Rosalyn Dexler. Ces femmes demeurent, en effet, dans l’ombre de leurs confrères tandis que ceux-là utilisent le corps féminin comme sujet et le transforment sur leurs toiles, en produit de consommation, jetable et remplaçable. Ici des peintures grinçantes de ces artistes femmes sont mises à l’honneur, montrant le corps-objet aliéné et enfermé dans des clichés érotiques asservissants. Sujet daté, sujet d’actualité.

Ces œuvres « plates » et « léchées » en apparence, peuvent donc se révéler sarcastiques et contestataires. Lorsqu’il est demandé à Andy Warhol s’il croit au rêve américain, celui-ci répond : « Non, mais je crois que l’on peut en tirer profit. » Outrancières, les productions artistiques pop montrent l’envers du décor américain, gonflé et monumentalisé dans les œuvres de Claes Oldenburg, rejoué chez George Segal, dans un cadre d’une trivialité oppressante. Eletric chair, une peinture glaçante tirée de la série éponyme de Warhol est l’un des chefs-d’œuvre présenté au Musée Maillol.

Aussi, cette exposition est-elle l’occasion de redécouvrir un courant artistique largement connu mais dont l’Histoire ne retient que les principaux traits quitte à en arrondir les angles. « Pop Art : icons that matter » apporte ainsi un nouvel éclairage sur ce courant artistique emblématique de l’art américain de la seconde moitié du XXe siècle.

 

Du Pop Art au Musée Maillol ?

Lors du parcours de cette exposition, le spectateur pourrait se questionner sur la pertinence d’une exposition sur le Pop Art, courant pictural américain des années 1960 dans un musée consacré à l’œuvre d’Aristide Maillol, sculpteur français du début du XXe siècle. Seules deux sculptures de cet artiste, passant inaperçues, sont intégrées au parcours de l’exposition, fortuitement sans doute.

Le musée est géré et les expositions temporaires sont programmées et organisées par Cultureespaces depuis 2015. Depuis la réouverture du musée en 2016, seul le deuxième étage, désert, est consacré à l’Oeuvre de Maillol et aucun lien n’est fait avec les expositions temporaires. Certes, le musée est fondé pour associer l’art contemporain à l’art moderne. Certes l’institution culturelle, la Fondation Dina Vierny – musée Maillol, est créée par une femme et les œuvres de « Pop Art : icons that matter » sont extraites de la collection de Gertrude Vanderbilt Whitney. Ces éléments suffisent-ils à rendre pertinente la présence de l’exposition “Pop Art : icons that matter” au Musée Maillol ? Est-ce une tentative pour attirer un public nouveau au Musée Maillol, dans les collections permanentes ?

 

 

Visuels :

Edward Ruscha, Large Trademark with Eight Spotlights, 1962, huile, peinture mmaison, encre et rayon à mine de plomh sur toile, 170 x 338,1 cm, purchase with funds from the Mors Percy Uris Purchase Fund – © Whitney Museum, N.Y. © Ed Ruscha

Mel Ramos, Tobacco Rhoda, 1965, sérigraphe, 76,4 x 61,1 cm, gift of Atria Group, Inc – © Whitney Museum, N.Y. © Adagp, Paris, 2017

Roy Lichtenstein, Girl in Window (Study for World’s Fair Mural), 1963, huile et acrylique sur toile, 173 x 142,2cm, gift of the American Contemporary Art Foundation, Inc., Leonard A. LAuder, President – © Whitney Museum, N.Y. © Estate of Roy Lichtenstein New York / Adagp, Paris, 2017

Jasper Johns, Target with Four Faces, 1968, sérigraphie, 104,5 x 75,1 cm, gift of the artist, NY – © Whitney Museum, N.Y. © Jasper Johns / Adagp, Paris, 2017

Claes Oldenburg, French Fries and Ketchup, 1963, vinyle et kapok sur base en bois, 26,7 x 106,7x 111,8 cm, 50th Anniversary Gift of Mor and Mors Roberts M. Meltzer – © Whitney Museum, N.Y. © Claes Oldenburg, 1963

Allan D’Arcangelo, Madonna and Child, 1963, acrylique et gesso sur toile, 174 X 152,7 cm, purchase with funds from the Painting and Sculpture Committee – © Whitney Museum, N.Y. © Adagp, Paris, 2017

Infos pratiques

Musée Gaumont
Beaux Arts (Bordeaux)
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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