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“Mayas, révélation d’un temps sans fin”, une plongée élégante dans la culture Maya au Musée du Quai Branly

“Mayas, révélation d’un temps sans fin”, une plongée élégante dans la culture Maya au Musée du Quai Branly

07 October 2014 | PAR Yaël Hirsch

Tout comme la magnifique exposition Teotihuacan en 2009, les relations diplomatiques étant à nouveau placées sous le signe du rayonnement culturel, Mayas, révélation d’un temps sans fin est le fruit d’une collaboration intense entre le Musée du Quai Branly et les institutions mexicaines.  En 385 pièces venues de 18 musées et universités différents du Mexique et selon une scénographie majestueuse signée Wilmotte et Associés, le public est invité à entrer dans la culture et le quotidien de la civilisation Maya, notamment à sa période classique (600-900 ap JC). Un magnifique voyage, à à la fois classique et pédagogique.

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On entre dans cette nouvelle exposition Maya sur un petit frisson avec l’inquiétant Panneau d’autosacrifice venu du Chiapas. Mais très vite le didactique l’emporte : cartes, définition et chronologie sont explicitées dès le début afin de mieux se  repérer un peu dans 4000 ans d’Histoire! Le parcours est thématique et semble mener du plus vivant à l’au-delà.

On commence par le rapport aux animaux, avec des pièces deux traits de bestiaire et de toute beauté. De l’animal, on passe à l’homme et d’ailleurs aussi à la femme et objets et ustensiles anthropomorphes montrent des humains  allégoriques de tous âges. Quand on se penche sur la vie quotidienne chez les mayas, ce sont surtout les élites et leurs triomphes guerriers qui sont mis en exergue. Mais l’on découvre également l’usage de la jade à travers les bijoux et la présence de femmes-scribes parmi ces élites, sachant lire et écrire ! Vient ensuite la roue calendaire, parfaitement mise en exergue par la scénographie. Cette roue est le pouls battant du monde Maya, diapason au vibrato duquel l’Occident a cru lire (à tort) l’annonce de la fin des temps pour le 21 décembre 2012.

Avec (face à face) une roue et la fameuse sculpture de la Reine d’Uxmal, on entre dans “Le coeur des cités” mis en scène d’une manière classique et monumental, un peu comme la section égyptienne au Louvre ou Angkor au Musée Guimet. On se penche alors sur l’écriture Maya, ces hiéroglyphes qui pouvaient fonctionner sur le mode des images pour signifier un mot entier ou des syllabes (comme nos lettres) et qui permettent aujourd’hui d’en savoir beaucoup sur cette civilisation. Inscrivant dans la pierre les hauts faits de leurs élites gouvernantes, les Mayas étaient un peuple conscient et jaloux de son histoire.

Un peu plus loin, on se rend compte qu’ils étaient même assez méthodiques pour “classer” leur dieux selon leur alphabet! ce qui ne les empêchait pas de croire aux forces sacrées et de faire des offrandes à leurs idoles. Au rayon des rites religieuses, le jeu de balle joue un rôle politique et social tout à fait important : il renvoie à la lutte des forces contraires qui rendent l’existence du cosmos possible. Plus privé, le chamanisme est également très répandu. Parmi les objets qui l’évoquent, la statue du célèbre Adolescent Chaman de Cumpich est absolument magnifique.

On entre enfin dans la dernière salle obscurcie comme si l’on partait nous-mêmes pour un dernier voyage Deux stèles horizontales décrivent sous vitrine le secret des tombes Mayas, tandis que les masques funéraires les plus précieux qui ont été conservés sont suspendus aux murs.

Ponctuée de chefs d’œuvre et en même temps présentée comme une sobre narration qui résumerait en un parcours l’une des plus grandes civilisations qui ait existé, l’exposition Mayas, révélation d’un temps sans fin est à la fois majestueuse et généreuse. A voir et revoir et à interroger sous l’angle de la temporalité à travers le colloque “Mesure et texture du temps” qui aura lieu du 8 au 10 octobre à l’amphithéâtre Levi-Strauss du Musée du Quai Branly.

visuels : Photographe: Ignacio Guevara

1.affiche de l’exposition
2. Panneau de l’autosacrifice © Musée du site de Palenque Alberto Ruz Lhuillier, Palenque, Chiapas, Mexique,
3. La reine d’Uxmal © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique.
4. Vase tripode © Museo Regional de Antropología, palais Cantón, Mérida, Yucatán, Mexique
5. Masque funéraire de calakmul © Museo Regional de Campeche, fort de San Miguel, ville de Campeche, Campeche, Mexique.

Infos pratiques

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

One thought on ““Mayas, révélation d’un temps sans fin”, une plongée élégante dans la culture Maya au Musée du Quai Branly”

Commentaire(s)

  • portet Philippe

    J’ai été très déçu que cette exposition ne fasse AUCUNE mention d’éléments se rapportant à la vie économique, productive, agricole du peuple Maya et se concentre sur leurs élites et clergés. On retrouve là les éléments de la critique faite déjà par Arthur Desmarest dans “les mayas, grandeur et chute d’une civilisation” au sujet de toute la science archéologique dite traditionnelle. En 2014, c’est vraiment grave….!

    November 6, 2014 at 17 h 32 min

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