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Magique musée des Confluences

Magique musée des Confluences

14 April 2022 | PAR Nicolas Villodre

Jusqu’au 5 mars 2023 se tient au musée des Confluences à Lyon une magnifique exposition qui ravira petits et grands sobrement intitulée Magique, produite en partenariat avec le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Il s’agit d’un “panorama des pratiques magiques à travers l’histoire et les cultures” conçu comme un parcours initiatique.

Naturel et surnaturel 

Après une présentation de l’expo par la directrice générale du musée des Confluences, Hélène Lafont-Couturier, nous avons bénéficié d’une visite guidée commentée par Carole Millon, qui nous a montré la richesse de objets et des documents illustrant cet ambitieux sujet. La scénographie de Fakestorybird-Marion Lyonnais, en boucle, part de la nature pour y revenir en dernière instance, après perception des signes tangibles du surnaturel. Elle ménage le mystère et le suspense; incite à la rêverie et au fantasme; exige un œil exercé ou, tout au moins, une accommodation à l’éclairage nocturne; et une attention aux images, fugitives ou fixes. L’agencement suit un ordre cosmique et historique qui mène de la mythologie antique à l’alchimie et transite par les croyances médiévales. Magie, religion et science servent de toile de fond à la monstration. 

Le visiteur passe directement de la lumière du jour qui perce les vitrages du bâtiment “déconstructiviste” à la pénombre, à peine balisée par l’éclairage artificiel historiant les trésors rassemblés. Du végétal à l’animal, en passant par quelque chimère, croisement étonnant ou créature hybride. Du rétinien à l’imaginaire. Du sonore à l’olfactif – le muséum de la ville rose ayant mis au point pour l’occasion un parfum évoquant plantes et arbres sylvestres. La magie est en acte, qui suppose relation de croyance, espère en l’oracle et  en la divination, jette le sort ou le maléfice. Chaque espace rempli de signes et d’attributs ayant leur fonction propre ou utilité a son punctum et, quelquefois, plusieurs centres d’intérêt. C’est le cas, par exemple, d’une vitrine consacrée au spiritisme, avec un buste du Lyonnais de l’étape, Allan Kardec, des exemplaires de sa publication, La Revue spirite, une photo “spirite” d’une fillette décédée et le scoop que représente pour nous une tablette destinée à “l’écriture automatique” datant de c.1900, provenant du Royaume-Uni.

Culte et occulte 

On sait combien le Surréalisme a recouru à la psychanalyse, à l’étude des rêves, à la pratique du rêve éveillé, à l’intervention du hasard dans la production artistique et au principe de l’écriture automatique comme moyen poétique. Nous ne savions pas que l’écriture automatique était antérieure à la rédaction du manifeste de 1924 qui définit la beauté comme suit : « le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau ». Cette acception du beau explique aussi le goût des Surréalistes pour les films à trucs d’un Méliès. Ce dernier étant lui-même un adepte de Robert-Houdin, comme le fut en Amérique Harry Houdini (alias Ehrich Weisz). Méliès, Houdini et, plus près de nous, Gérard Majax défendirent la magie blanche et luttèrent contre la noire, la raison devant l’emporter sur l’illusion ou plutôt sur la tromperie, la supercherie, le jeu de dupe.

Après avoir mis en valeur les divers aspects de l’univers magique, notamment le passage du rite au spectacle,  l’exposition aborde les modalités du surnaturel proprement dit : les fétiches, amulettes, objets transitionnels et les êtres qui en font usage – les sorcières, les guérisseurs, les personnes ayant hérité de dons, les chamanes, les rebouteux et autres “coupeurs de feu”. Diverses astuces provenant du sac à malices illusionniste sont utilisées dans l’accrochage : capteurs d’ondes et fil invisible dans le cas de la mandragore; dévoilement d’un tour spectaculaire inventé par le Français Dany Lary; projections vidéo d’aspect fantomatique dans la salle dédiée au chamanisme. Le catalogue en forme de boîte de magie est un joli souvenir de la manifestation, et un possible cadeau pour les fêtes à venir.

Visuel : mur de l’exposition Magique au musée des Confluences, photo : Nicolas Villodre.

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Nicolas Villodre

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