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[Londres] 6 installations phares de William Kentridge à la Whitechapel Gallery

[Londres] 6 installations phares de William Kentridge à la Whitechapel Gallery

05 October 2016 | PAR Yaël Hirsch

Alors que les londoniens l’attendent dans la mise en en scène de Lulu de Berg, ce mois de Novembre 2016 à l’Opéra National, l’immense artiste sud-africain William Kentridge s’expose en jusqu’au 15 janvier 2017 à la Whitechapel Gallery. Avec des œuvres s’étalant de 2003 à nos jours, dans un espace immense, Thick time fait tiquer toutes les représentations du temps et de l’espace avec une plastique et une élégance tout à fait bouleversantes.

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On entre dans ces 6 installations autour de l’épaisseur du temps par un dialogue : celui de “The Refusal of time” (2012)avec l’historien des sciences Peter Galison et que Kentridge met en scène à grands renforts de projections, de références à l’expressionnisme, à la guillotine, et de métronomes. Viennent ensuite les livres avec la très originale projection de “Second-hand Reading” (2013) où Kentridge reprend ses réflexions sur les Lumières mais aussi son crayon d’animateur. Plus concrètes et moins mobiles, de grandes tapisseries nous invitent à passer à l’étage supérieure, par un escalier où William Kentridge a glissé une empreinte magnifique.

A l’étage, l’on découvre une installation qui donne un avant-goût de sa mise en scène du Lulu de Berg. Jouant avec le cinéma, aussi bien qu’avec la comédie musicale, son Lulu (2016) entre avec génie dans les coulisses d’une modernité viennoise pleine de coulisses et de crépuscules. L’on retrouve ensuite avec plaisir sa grande composition de projections faite en honneur à George Meliès et où Kentridge se met à s’animer lui-même. Et l’on finit le parcours avec une oeuvre irrésistible d’humour et de réflexion sur l’Histoire. Dans un espace de petite maison très “gemütlich” (confortable en allemand), Kentridge met en scène sous forme de multiples projections le fameux discours où Trotski, depuis son exil à Istanbul, comparait l’homme à une “machine sentimentale mais programmable”. Grinçante, horrifiante et tendre à la fois, cette dernière installation originellement présentée à la biennale d’Istanbul en 2014 épaissit encore le temps d’une réflexion (au sens propre) sur une Histoire qui a voulu libérer temps et homme et qui a risqué l’inhumain. Thick Time est un parcours onirique, artistique et intellectuel époustouflant qu’il ne faut absolument pas manquer si vous vivez ou passez par Londres cet hiver.

Et au passage, ne manquez pas de voir les autres installations de la Whitechapel Gallery, notamment – assez dans le fil de Kentridge- la fascinante réflexion stellaire sur la géoloalisation de la berlinoise Alicja Kwade Medium Median.

visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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