L’exposition entre terre et ciel de Chourouk Hriech

Repoussée à cause du Covid, nous pouvons enfin découvrir l’installation immersive I see a bird / Je vois un oiseau de Chourouk Hriech au Drawing Lab. Laissez-vous guider par le vol des oiseaux pour un voyage immobile.

Depuis cinq ans que le centre d’art du Drawing Lab existe, dix expositions monographiques regroupant un artiste et un commissaire ont été présentées. Sélectionné suite à un appel à candidatures international, la nouvelle exposition présente le duo formé par l’artiste Chourouk Hriech et le commissaire Jérôme Sans. Ils nous proposent d’entrer dans le travail de l’artiste comme dans un nid, un espace protecteur du monde extérieur. Avec cet environnement mêlant dessin, vidéo et photographie, l’artiste souhaite créer un moment suspendu, où nous pourrions être présents dans l’instant, pour une respiration, un espace d’apaisement.

Nous entrons donc dans un morceau de ciel où les oiseaux volent d’un dessin à l’autre, se posent sur les fils des villes de Chourouk Hriech et tracent des lignes invisibles dans le ciel. Tous ces oiseaux que l’artiste photographie au cours de ses voyages l’inspirent par leur liberté de déplacement. En effet, les cigognes du parc ornithologique de Bresse, près duquel elle est née, migrent vers le Maroc, où vivent ses grands-parents. Cette migration est devenue pour Chourouk Hriech une ligne qui la relie à sa famille, et une nouvelle façon de regarder le monde, les yeux levés vers le ciel.

Guidés par ces oiseaux, nous découvrons les paysages recomposées de Chourouk Hriech, issus de ses voyages, mêlant Tokyo, Casablanca, Bangkok ou encore Marseille. Ses dessins en noir et blanc très graphiques se déploient à différentes échelles, du papier peint à la feuille de papier en passant par la toile, impliquant le corps de différentes façons. Si les seuls habitants de ces paysages sont des oiseaux, que le contraste de leurs photos couleur avec le trait noir et blanc place sur un plan différent, nous nous projetons pourtant facilement dans les paysages que l’artiste nous propose. L’esprit s’appuie sur le détail d’un moucharabieh, la silhouette d’un bateau ou un foisonnement végétal et s’envole vers d’autres horizons.

Le dessin de Chourouk Hriech s’exprime sur différents supports. Comme un organisme vivant, il passe du mur à la toile, s’anime avec la vidéo et s’ancre dans le corps de l’artiste par le tatouage. Le trait dessiné n’est pas uniquement lié au papier, il s’offre la liberté de se dérouler partout. Et cette liberté, l’artiste la recherche avec l’utilisation de l’aquarelle bleue pour des paysages composés uniquement de ciel et de mer. Elle y trouve une forme de lâcher-prise dans la spontanéité nécessaire à cette technique qui contrebalance la structure de ses architectures au trait noir.

Pour Chourouk Hriech, le dessin est un espace d’extériorisation de soi, où l’on ne ment pas. L’artiste aurait donc réellement « la tête ailleurs », l’esprit et les yeux tournés vers le ciel et d’autres horizons. Il ne tient qu’à nous de voyager à ses côtés.

Chourouk Hriech – I see a bird / Je vois un oiseau
du 18 mars au 15 juin 2022
Drawing Lab – Paris

Visuels : Vue de l’exposition I See a Bird / Je vois un oiseau de Chourouk Hriech (commissaire d’exposition Jérôme Sans) au Drawing Lab du 18 mars au 15 juin 2022 © Production Drawing Lab, courtesy galerie Anne-Sarah Bénichou, photographie Nicolas Brasseur.