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Les microsillons colorés d’Antoine Audiau pour Antoine + Manuel

Les microsillons colorés d’Antoine Audiau pour Antoine + Manuel

08 February 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Dans le studio du célèbre atelier de graphisme Antoine + Manuel se déploient encore pour quelques jours les arcs colorés d’Antoine Audiau, qui renouent avec l’idée même de l’expressionnisme abstrait.

Dans l’espace blanc de l’atelier, on s’étonne de ne pas en trouver jusqu’au plafond. Les murs sont recouverts de dessins, tous les mêmes mais tous différents, le sol également est parsemé d’arcs mais dans leur version collée. La première impression est joyeuse, enivrante, bienveillante. C’est comme arriver à la plage en plein été, après que la foule soit partie et avant que le soleil ne se couche. Pas mal non ? Surtout en ce moment, où la misère sociale explose, où même les radios sérieuses font le lit des mots vides. 

On connait Antoine Audiau pour son travail de graphisme en association avec Manuel Warosz. Nous ne sommes pas à convaincre, mais l’idée que le graphisme est un art noble n’est pas une évidence pour tout le monde. Les temps changent. D’ailleurs, les dessins de Manuel et les peintures d’Antoine étaient exposés récemment au Musée des Arts Décoratifs. 

Antoine Audiau a ainsi peint 512 formats A4. De loin ça a l’air simple, huit traits qui tirent vers le haut jusqu’à la courbe. Tous colorés, du fluo au sombre. Quand on s’attarde, les choses se densifient comme la gouache, qui elle seule donne cette matière pleine. 

Il dit “nous ne sommes pas habitués à voir autant de couleur en même temps”, il parle de “méditation”, de “geste lent”, de l’idée “d’enregistrer la vie” dans son geste à la façon dont on presse un disque vinyle. Chaque toile se compose donc de huit lignes, dont les couleurs sont connectées les unes aux autres. Comme si elles se convoquaient, par intuition. Pour chaque toile il a cherché à ralentir, pour avoir un lien direct entre lui et la matière. Cela donne des lignes parfaites, d’autres qui tremblent, d’autres qui tachent. 

L’ensemble est particulièrement enivrant. Si l’exposition se nomme pour le moment Rainbow room exhibition, ce n’est pas forcement des arcs-en-ciel qui sont représentés. Ce sont plutôt des bases de piliers, une architecture presque religieuse, en tout cas qui console et abrite. 

A noter, qu’après Paris, une partie des œuvres ira à Avignon à l’occasion du Printemps des poètes, dédié à l’éphémère, où la Collection Lambert invite Antoine Audiau en résidence. Il aura pour aire de jeu la plus grande salle du musée, celle dans l’Hôtel de Montfaucon, et pourra à l’envi, et en public, recouvrir les murs et le sol de ses arcs en ciel à la gouache. (Dates à venir)

A voir jusqu’au 28 février (prolongée). Sur rendez-vous chez Antoine + Manuel, 8 rue Charlot, 75003, Paris. 

 

Visuels : ©ABN

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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