Expos
Les espaces de Charlotte Perriand s’ouvrent à la Fondation Louis Vuitton

Les espaces de Charlotte Perriand s’ouvrent à la Fondation Louis Vuitton

01 October 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

“Le monde nouveau de Charlotte Perriand” est le titre bien choisi de la très belle exposition qui ouvre demain à la Fondation Louis Vuitton. L’occasion rêvée de déambuler chez Charlotte Perriand comme si elle vous avait invités !

La dernière fois, c’était une première fois. En 2006, le Centre Pompidou proposait la première monographie de cette artiste plurielle, à la fois designeuse et architecte. Treize ans plus tard, ce sont cinq commissaires qui sont réunis pour une exposition qui déborde à la fois du cadre de l’architecture mais aussi de ses murs.  Jacques Barsac, Sébastien Cherruet, Gladys Fabre, Sébastien Gokalp, Pernette Perriand et Arthur Rüegg, comme conseiller scientifique pour les reconstitutions,  ont travaillé pendant quatre ans à la construction de ce parcours.

La démarche est chrono-thématique.  Nous suivons l’évolution des intérêts de Charlotte Perriand de 1927, date où elle devient associée de Le Corbusier et Pierre Jeanneret pour l’équipement mobilier, jusqu’à sa mort, le 27 octobre 1999. Les dates de vie de Charlotte Perriand parlent d’elles-mêmes : 1903-1999. Elle incarne le XXe siècle et toute son oeuvre est un reflet des mouvements d’avant-garde qui ont secoué le siècle guerrier. 

Elle s’empare des techniques automobiles pour créer des divans aux allures chromés. Elle, peut-on parler d’exil,  passe la Seconde Guerre Mondiale de l’autre côté du front, au Japon, où elle est nommée, en 1940, conseillère pour l’art industriel … elle y restera jusqu’en 1946. On voit alors ses iconiques Fauteuil grand confort ( 1928) ou Chaise longue basculante (1928-29) être réinterprétés avec des matériaux venus d’Asie comme le Bambou.

L’un des grands apports de l’exposition est la place des reconstitutions. A plusieurs reprises, nous entrons réellement dans le monde de Pierrand, où les réflexions sont semblables à celle de Le Corbusier. Elle met l’humain au centre dans une volonté pratique qui parfois atteint ses limites. C’est le cas pour les logements Aux Arcs, minuscules … mais fonctionnels !

Les deux mots clés pour comprendre Perriand sont modernité et actualité. Rien de ce qu’elle n’a fait n’a pris une ride.  Les deux-cents œuvres montrées, quelques fois en situation ( Le refuge tonneau, Le salon d’automne, La maison de jeune homme ( et sa salle de gym avec vue sur un immense Fernand Leger! ), son appartement de Saint-Sulpice (avec gramophone intégré au bahut ! )) sont toutes des propositions de vie,  jusqu’à ce chef d’oeuvre qu’est La maison au bord de l’eau (1934)  dont l’installation ici à Vuitton est à couper le souffle, au bord de la cascade de Frank Gehry. 

Deux cents pièces de design et d’architecture dialoguent avec les toiles d’autres icônes, Leger en majesté car il était un ami de Perriand. Souvent d’ailleurs, elle intègre des toiles à ses meubles, comme ce Picasso dans une fenêtre coulissante…  Alors cette proximité qu’elle avait avec la peinture entraîne un festival. Des dizaines et des dizaines de toiles, il faudrait une journée pour tout voir. Les peintures de Leger, Picasso, Braque, Delaunay, Hantaï, Soulages…sont là accrochées aux murs de ces pièces qui sont toutes comme des appartements.

Cette immersion totale dans le geste de Perriand occupe absolument tout le bâtiment. C’est à tout point de vue gigantesque. Perriand a créé en 1950 cette idée si moderne : l’art d’habiter, et on ne rêve que d’une chose.. vivre chez elle. 

Le monde nouveau de Charlotte Perriand est à voir du 2 octobre au 24 février 2010 à La Fondation Louis Vuitton

Visuels : 

Affiche ©Fondation Louis Vuitton

Charlotte Perriand, Bibliothèque de la Maison de la Tunisie, 1952. Bois, tôle pliée. Paris, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.©Adagp, Paris, 2019. ©Centre Pompidou, MNAM-CCI,Dist. RMN-Grand Palais/Audrey Laurans

Le Corbusier, P. Jeanneret, Ch. Perriand, Chaise longue basculante B306, 1928-1929 , Vitra Design Museum ©F.L.C/Adagp, Paris, 2019 ©Adagp, Paris, 2019. Courtesy of Vitra Design Museum

 

Infos pratiques

« Le pire n’est pas (toujours) certains » parle sans politiquement correct du rôle de l’Europe dans la crise migratoire
Cyrano au Funambule Montmartre : A la fin de l’envoi, il touche !
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration