“Les ailleurs” vous immergent de réalité virtuelle à la gaité lyrique
En partenariat avec Fisheye, la Gaité lyrique célèbre son ouverture avec une exposition repoussée depuis avril “Les Ailleurs“. Une invitation en 3 parcours à des voyages sensibles et durables qui nous convainquent que la VR est vraiment en train de changer nos vies en démultipliant les imaginaires.
Un niveau d’élaboration au dessus des toiles “augmentées” proposées il y a quelques semaines par le Grand Palais dans son écrin éphémère du Champs de Mars (lire notre article). Les Ailleurs est une invitation à la fiction et à l’imaginaire par des expériences de VR les plus longues et sophistiquées qu’il nous ait été donné de voir. Depuis le 19 mai et jusqu’au 18 juillet, il faut réserver en ligne (les casques ne sont pas si nombreux et les mesures sanitaires très respectées) et choisir entre trois chemins.
Choisir et réserver parmi trois parcours :
1/ “Voyages sauvages” où le public part à la rencontre des méduses de Mélodie Mousset et Edo Fouilloux (The Jellyfish), croise les créatures d’Eric Chahi lors d’une balade dans un monde terraformé (Paper Beast), puis se confronte au langage de la Polyrythmie des cachalots, avant de découvrir les fleurs hybrides de Lauren Moffatt (Of Hybrids & Strings).
2/ “Transports intimes” vous emmène avant tout en vous-mêmes. The Smallest of Worlds fait le lien entre nos habitations, on ressent vraiment la solastalgie (le déclin de l’environnement) et la tristesse que cela procure avec What is left of reality, Pierre Zandrowicz et Ferdinand Dervieux, avant de plonger dans l’histoire de la famille du canadien d’origine japonaise Randall Okita avec The Book of Distance.
3/ “Dimensions parallèles” propose de se perdre dans le virtuel avec un voyage “To the moon” proposé par les artistes Laurie Anderson et Hsin-Chien Huang, le psychédélisme de Soundself et 0, la performance de transfiguration d’Olivier de Sagazan réalisée par Qiu Yang.
The Book of Distance : Un choc
Si l’on a adoré faire réagir les méduses poétiques et sensibles à nos chants (et oui, même faux!) de Mélodie Mousset et Edo Fouilloux, “l’ailleurs” qui nous a le plus bluffé était intimiste et historique : D’une durée de 27 minutes (rare pour le la VR), The Book of distance de Randall Okita nous permet de vivre AVEC son grand-père, son départ du Japon, son arrivée au Canada, son installation et son envoi dans un camp pensant la Seconde Guerre mondiale, après Pearl Harbor. On fait sa valise, bêche les champs de fraises et se fait tamponner le visa avec le grand-père. La narration existe également en jeu vidéo et cela se sent, car il faut exercer certaines actions pour avancer dans la VR. Ici, l’interactivité est au service d’une mémoire difficile et importante, le dessin est superbe et on est vraiment immergé dans la vie de cet homme japonais venu entreprendre au Canada et traité comme un ennemi avec sa famille. Une manière poétique, impressionnante et encore jamais vue de traiter la mémoire.
visuel : affiche du festival