Le roman-photo d’une vie : Marc Riboud au musée des Confluences
Cette année, le Musée des Confluences de Lyon fête le centenaire de la naissance de Marc Riboud en proposant une multitude de petits récits au travers de cent photographies de ce photographe iconique.
Marc Riboud est né en 1923 près de Lyon et commence très tôt la photo avec un appareil que lui offre son père. Mais sa ville natale n’est pas ce que l’on retient de lui, car il est avant tout un photographe voyageur, un artiste-reporter international. Après avoir intégré l’agence Magnum à Paris en 1953 suite à sa rencontre avec Henri Cartier-Bresson, il prend la route à la découverte du monde. Avec lui, nous observons la culture, les habitants, les paysages et les évènements de l’Inde, du Nigeria, de l’Iran, de la Pologne, du Japon ou encore de la Chine, pays pour lequel sa fascination était inépuisable.
Cette exposition est la première entièrement dédiée à la photographie au musée des Confluences. Elle a été réalisée en collaboration avec Les amis de Marc Riboud, l’association qui assure la valorisation de l’œuvre du photographe, accueillie au musée Guimet de Paris depuis le legs de l’intégralité de son travail en 2019. La scénographie a été pensée comme une boucle autour de cinq grands thèmes qui ont traversé le travail de Marc Riboud. Les photographies sans cadres ni bordures tirées sur Alu-Dibond se détachent des murs pour plus de proximité avec le visiteur, jusqu’aux boîtes lumineuses de la fin sublimant l’aspect méditatif des Montagnes Jaunes.
Les photos de Marc Riboud, qu’elles documentent un évènement, capturent un paysage ou observent un visage, ont intrinsèquement une puissance narrative. Elles nous entraînent aux quatre coins de la planète et nous proposent des histoires que chacun est libre de compléter suivant son imagination. Ici, les clichés sont associés entre eux pour former des séquences, comme un strip de bande dessinée ou un morceau de film. Ainsi, des jeunes gens de Dubrovnik, d’Inde, du Cambodge, du Mexique et du Ghana se retrouvent sur un même mur à partager un moment au bord de l’eau, dans une nouvelle histoire sans frontières.
Marc Riboud lui-même avait déjà expérimenté le séquençage de l’image, comme nous le montre sa Fenêtre d’antiquaire prise à Pékin. Dans ces cases, comme dans ses photos, il compose une histoire fugace, attend que ses personnages soient en place et laisse les vides entre les cases ouvrir les possibilités du récit. Son penchant pour la géométrie lui permet de jouer avec les lignes de composition de l’image tout en y insérant une dose d’inattendu, comme ce chat sur le dos au premier plan d’une étude de nu. Ainsi, il structure l’accident, harmonise le drame, trouve le nombre d’or du paysage.
Bien qu’attiré par les grands mouvements de lutte politique et par ceux qui résistent face au pouvoir en place, les photos de Marc Riboud cherchent plus souvent à exprimer la beauté que la violence des situations. Observateur hors du jugement, l’intensité du moment est plus importante que l’actualité dans ses clichés où le beau parle du laid et le chaos du monde trouve un ordre pour un instant. En cent photographies, c’est toute l’élégance, l’humilité et l’humanité de Marc Riboud qui s’expose sous nos yeux.
Marc Riboud – 100 photographies pour 100 ans
Du 24 février au 31 décembre 2023
Musée des Confluences – Lyon
Album de l’exposition : Marc Riboud au musée des Confluences – coédition musée des Confluences / Bernard Chauveau Edition – 64 pages, 19€
Visuels : 1-Fenêtres d’antiquaire, Pékin, Chine 1965 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG / 2- Exposition Marc Riboud, 100 photographies pour 100 ans au musée des Confluences © musée des Confluences – Bertrand Stofleth / 3- Sans titre – Sur la route de Van, Turquie, 1955 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG / 4- Rameurs – Accra, Ghana, 1960 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG / 5- À droite, le pin appelé Fleur sur la pointe d’un pinceau de rêve et à gauche, Pic sublime – Huang Shan, Chine, Années 1980 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG
