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Le potager pose et s’expose au musée de l’Image (Épinal)

Le potager pose et s’expose au musée de l’Image (Épinal)

26 September 2017 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

La ville d’Épinal n’a pas à rougir de sa petite taille : traversée par la Moselle, elle dispose de trois musées et d’un château, s’offrant ainsi une programmation culturelle étonnamment riche, accompagnée d’une tradition culinaire lorraine à faire pâlir les régimes de rentrée – bref, un week-end s’impose. Avant le 5 novembre si possible, soit avant la fin de la très belle exposition que le musée de l’Image consacre aux potagers dans l’histoire de l’art et de l’imagerie, du XVIIème siècle à nos jours. Narratif et très amusant, le parcours mélange les références et fait voisiner nains de jardin et peintures du XIXème, plans des jardins de Louis XIV et publicités des années 60. Partout, le potager s’affirme comme ce que l’homme peut produire de meilleur. Une exposition qui sème les haricots et récolte les sourires (!).

Sachez tout d’abord que le potager est un jardin clos dans lequel poussent des fruits et légumes « du pot », autrement dit de petite taille. Microcosme coloré qui fait pâlir d’envie les invités de Louis XIV – lui qui a demandé, en connaissance de cause, un potager à son jardinier Jean-Baptiste de la Quintinye en 1678 –, le potager est également un lieu de miracles : en témoigne les épisodes religieux du Christ jardinier et de saint Fiacre, qui apparaissent tous deux au milieu des feuillages et disparaissent en icônes (saint Fiacre est même l’ancêtre des nains de jardin (!), qui surveillent et protègent ces domaines de verdure).

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Ainsi se mélangent les images et les objets, au milieu d’extraits littéraires, de George Sand, de Colette ou de Fernand Lequenne, qui vantent tour à tour les mérites esthétiques des jardins. Une photographie de Robert Doisneau suit le rythme et offre à l’ensemble une image des plus charmantes : joliment intitulée Le Roi soleil à bicyclette (1944), elle montre un jardinier dont le vélo et le dos sont chargés d’arrosoirs, de bêches et autres outils, prêt à remuer et à nourrir la terre pour la faire prospérer. Personne ne semble plus en phase avec la réalité que cet homme-là, qui regarde pousser ses plantes, les nourrit et les protège des intrus, au fil des saisons ; avec un intérêt émouvant pour les histoires racontées (romans, presse, essais) et les arts populaires, le musée de l’Image en dresse un panorama historique joyeux. On y découvre également des images de propagande de la première moitié du XXème siècle invitant les civils à soutenir l’effort de guerre en cultivant de vastes potagers (« Plant a victory garden, our food is fighting »).

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Plus loin, deux dessins de Jean-François Millet achèvent de placer la vie au cœur de la verdure : Premiers pas et Dans le jardin, tous deux réalisés autour de 1860, s’attachent à décrire de calmes scènes de la vie rurale, où l’on s’assoit dans l’ombre d’un arbre et où l’on tend les bras vers un enfant à la démarche balbutiante. Quelques mètres plus loin, place au rire avec un film de Louis Lumière de 1895 montrant un « arroseur arrosé » par un vilain garnement, qui rompt la routine tranquille d’un jardinier pour lui faire une farce avant d’être roué de claques. On rit, mais pas autant que devant d’anciens spots publicitaires des années 1966-72 qui montrent un poussin expliquer dans toutes sortes de situations (et avec une voix aigue improbable) qu’« on a toujours besoin d’un petit pois chez soi ». Bien noté l’ami ! Et c’est donc sur cette note de légèreté qu’on quittera l’exposition et qu’on pourra, au choix, continuer la balade en ville et découvrir les illustrations de Julia Woignier autour des expressions de fruits et légumes (coup de cœur pour le poignant La fin des haricots, qui montre un enterrement de légumes tristes), ou bien rester au musée pour découvrir l’histoire des images d’Épinal, produites à la chaîne dans de nombreuses imageries en Europe, vendues à bas prix et collectionnées pour leurs vertus protectrices ou récréatives.

Bref, tout un monde de rêve se dévoile dans cette petite ville de l’Est, où les arts populaires n’ont jamais été mieux présentés. À voir !

Informations pratiques : 
Le Jardin Potager
Au musée de l’Image, 42, quai de Dogneville, 88000 Épinal
Jusqu’au 5 novembre 2017
Plein tarif : 6 €
Tarif réduit : 4,50 €
Moins de 18 ans : 1 €

Infos pratiques

La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck , mis en scène par Géraldine Martineau à La Tempête
Agenda classique de la semaine du 26
Maïlys Celeux-Lanval

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