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Le château de Mayenne se transforme en cabinet de curiosités

Le château de Mayenne se transforme en cabinet de curiosités

24 March 2017 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

Il y a fort longtemps, en 1864, un homme a trouvé un trésor de monnaie romaine à Mayenne. En 1865, il décide de construire un musée pour pouvoir exposer sa découverte, aux côtés de quelques autres dons de livres et d’objets d’art. Cet homme s’appelle Charles-Marie de Sarcus : ancien peintre et caricaturiste parisien né en 1821, il a suivi l’amour et la tranquillité au bord de la rivière de la Mayenne, et s’est très vite démarqué en devenant élu de la ville et fondateur du musée. Malheureusement, il meurt deux ans plus tard, en 1867 : commence alors pour le musée un siècle d’abandon, parsemé de sursauts d’intérêt, avant sa fermeture définitive en 1977. Quarante ans plus tard, c’est cette histoire qui est racontée au musée du château de Mayenne, à travers un cabinet de curiosités des plus réjouissants.

C’était un petit musée de province, doté d’une seule salle. Le musée de Mayenne était peu documenté mais empli d’objets rares et d’œuvres d’art, et ce du sol au plafond. Il possédait une collection dite universaliste, riche des offrandes de ses visiteurs les plus voyageurs – comme ce commandant Le Marchand et son don de douze peintures chinoises ; les fouilles successives du château (exemple unique de l’architecture civile carolingienne) ont également augmenté la collection de nombreuses céramiques. Mal rangé, certes, mais à l’image d’une contrée fière de son patrimoine et amatrice d’art ; c’est ce qui a frappé l’équipe du musée du château de Mayenne – actif depuis 2008 – qui propose du 25 mars au 19 novembre 2017 une charmante reconstitution de la collection de l’ancien musée.

img_3355Les deux scénographes de l’exposition, Alexandra Legros et Sandrine Berger, ont pensé pour l’occasion un « musée dans le musée » parfaitement conçu. Le buste sculpté du fondateur Charles-Marie de Sarcus accueille le visiteur, qui est ensuite immédiatement introduit dans une suite de petites pièces chaleureuses ; pour bien voir ce qui est exposé, il faut se pencher, tirer un tiroir, regarder au plafond… Rendu acteur par une série de dispositifs interactifs, le visiteur (surtout s’il est tout jeune !) s’amuse beaucoup à s’approprier l’exposition et à en regarder les recoins les plus secrets, comme s’il venait de pénétrer dans le grenier d’une maison familiale. Les indices trouvés sont ceux, disparates, des différentes strates de la collection accumulée. On croise des gravures des XVIIIème et XIXème siècles, un plat en faïence de Rouen, de jolies pierres colorées, un cadran solaire de 1717, des papillons, des oiseaux empaillés, des œufs d’autruche, un fusil de chasse, des coffres sculptés, des dents de mégalodon (le plus grand prédateur marin qui ait jamais existé, disparu il y a deux millions d’années et doté de dents de 15 centimètres !), des crânes de renard, une cithare du Laos et une chouette empaillée. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive et il faut la voir pour comprendre le lien magique qui existe entre les objets bigarrés de ce cabinet de curiosités improvisé. Il n’y a pas de logique, mais il y a du goût, une tentation pour l’aventure, pour le voyage.

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Cet aspect foisonnant répond d’ailleurs à l’histoire du château – dont la visite complète à merveille l’exposition. Celle-ci commence au Xème siècle avec la fondation d’un palais carolingien, qui se transforme en château fort au XIIIème siècle, en prison au XVIIème siècle et en musée au XXIème siècle. Grâce à des jeux de lumière progressifs (qui ont le génie de n’abîmer en rien l’architecture), le visiteur peut comprendre à quelle époque correspond chaque morceau de mur, chaque arcade, chaque pierre posée. Les époques se mélangent et se répondent : on devine l’utilisation successive de tel ou tel élément, en se baladant entre des présentoirs de pièces de jeux d’échecs et d’armes retrouvées au cours des fouilles.

Ainsi va la vie : le temps passe, les lieux changent, mais si l’on en prend soin, les collections restent. Et offrent l’occasion toujours émouvante de jeter un œil vers les générations passées et vers leurs engouements intimes. Gardez-donc bien précieusement la petite boîte qui contient tous vos souvenirs… Elle pourrait bien finir dans un musée !

Informations pratiques :
Curiosités d’ici et d’ailleurs au musée du château de Mayenne
Du 25 mars au 19 novembre 2017
Week-end inaugural les 25 et 26 mars 2017 avec de nombreuses animations

Infos pratiques

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Maïlys Celeux-Lanval

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