L’art contemporain entre aux Mines
C’est du béton. Mais du béton souple, apprivoisé et même parfois chantant que la plasticienne Milène Guermont utilise pour des créations juste installées dans les galeries de minéralogie de l’Ecole des Mines. Un contrepoint contemporain qui fait redécouvrir ce lieu désuet délicieux surplombant les jardins du Luxembourg.
A côté du porphyre, des quartz sublimes et autres divins calcites du Musée de minéralogie, les créations de Milène Guermont apportent un contrepoint d’une étonnante retenue. L’artificiel, l’œuvre minérale récente joue la sobriété pendant que les pierres naturelles versent dans l’hubris. Pierres noires d’Afrique qui se piquent du col, tranches de roches polychromes, rubis trop beaux pour être honnêtes, dégagent une force telle dans les vitrines à l’ancienne qu’on les dirait encore au bord de l’explosion.
Connue pour la structure « Cristaux » installée depuis peu place de la Concorde, face à l’obélisque, Milène Guermont est la première artiste appelée à faire entrer l’art contemporain dans ce lieu magique. Car c’est un espace joyeusement figé, créé dans les années 1815 qui surplombe les allées du Luxembourg. Un musée encore trop peu connu créé autrefois pour servir de galerie pédagogique aux futurs ingénieurs censés connaître les roches de l’écorce terrestre et qui réunit 4500 spécimens.
Si certaines œuvres sont un peu anecdotiques, comme Cristal A, forme de béton moulé qui laisse entendre des voix d’enfant quand le visiteur le caresse, les estampes sur béton séduisent, peau sensible emprisonnant le temps (Mégaconcréto par exemple). Intéressant aussi le béton qui souffre de Fumes ou cette Feuille frissonnante terriblement fragile et éphémère.
Sabina Rotbart
Visuel : © Milène Guermont