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“La Forêt Monumentale”, une biennale d’art contemporain destinée aux familles

“La Forêt Monumentale”, une biennale d’art contemporain destinée aux familles

24 September 2019 | PAR Jules Bois

Cette exposition durable dans la forêt domaniale proche de Rouen est programmée de septembre 2019 à septembre 2021, et en est à sa première édition. La métropole de Rouen espère beaucoup de ce coup d’envoi, qui s’inscrit dans la volonté d’afficher des intérêts pour les enjeux environnementaux, mais aussi dans celle de dynamiser le tourisme sur le territoire.

« La Forêt Monumentale », sous ce nom imposant se cache un projet d’envergure : celui d’une exposition d’art contemporain en pleine nature, avec des œuvres poussant à la réflexion sur notre époque, et en écho à nos enjeux environnementaux actuels. Inspirée par les œuvres dantesques de Adrian Villar Rojas (exposition Mi Familia Murta), ou les jeux de miroirs en forêt de Michel de Broin (Superficielle), la ville de Rouen a souhaité avoir son propre parc d’exposition dans la Forêt Verte, une forêt domaniale de la métropole.

Malheureusement, contrairement à ces modèles, les œuvres surprennent mais n’impressionnent pas. Bien que nées de réflexions intéressantes, et suffisamment évasives pour que chacun laisse libre cours à ses interprétations, il manque à ces installations un côté saisissant. Peut-être est-ce à cause des aménagements récents comme un parking en terre battue, des toilettes sèches à proximité, du balisage renouvelé et des petits panneaux expliquant les démarches de la « Forêt Monumentale », qui ôtent le mystérieux, le poétique d’une rencontre hasardeuse entre le promeneur et l’œuvre. Parce que ce projet s’inscrit avant tout dans un cadre de développement de l’attractivité territoriale, culturelle, mais surtout touristique. Le public visé est familial, et cela se ressent dans les choix artistiques et de mise en scène faits.

Mais en réalité, l’entreprise est réussie. Les infrastructures sont là, des lignes de bus sont en place pour faire le déplacement de la ville à la forêt, le métro qui couvre le réseau urbain est moderne, et la communication autour de ce parcours est très bonne. De plus, cette valorisation d’un espace forestier permet à la ville de renforcer sa politique écoresponsable, très mise en avant, surtout depuis la Cop21 locale, initiée par la métropole, en 2018. Cette biennale d’art s’inscrit dans la continuité de « l’Accord de Rouen », conclusion de cette Cop21 locale.
Ainsi ce projet d’aménagement axé autour des enjeux de biodiversité répond aux promesses faites notamment par Cyrille Moreau, vice-président de la Métropole Rouen Normandie. Reste à voir si ces politiques publiques agiront en profondeur, ou se révéleront n’être qu’un « greenwashing », une illusion de plus pour ne se donner qu’une image écoresponsable.

La « Forêt Monumentale » est  somme toute un projet intéressant, qui réunit de nombreuses aspirations louables comme la sauvegarde de l’environnement, la dynamisation du territoire de la métropole ou le développement de l’offre culturelle. Cette biennale sera l’occasion « d’aller faire un tour en forêt » pour de nombreuses familles. Et les enfants seront ravis de grimper sur les tables géantes, ou se faufiler dans la gueule béante de Nídhögg, le serpent de la mythologie nordique, le grignoteur de Yggdrasil, l’Arbre Monde, ici réincarné en reptile dont les écailles faites en pneus réinvestissent ce combat de la force destructrice industrielle contre la biodiversité. Mais elle pourrait bien décevoir les publics plus avertis, à la recherche de cette « monumentalité » promise, et non d’un moment champêtre en famille.

 

visuels :

© ASC anne samson communications (ASC)

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