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La Ca’d’Oro : Un parfum de Venise à Paris

La Ca’d’Oro : Un parfum de Venise à Paris

12 December 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Le centre des monuments nationaux et la collection Al Thani proposent du 30 Novembre 2022 au 26 mars 2023, à l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, une exposition sur la Ca’ d’Oro. Les chefs d’œuvres de la renaissance vénitienne proviennent de la Galerie Giorgio Franchetti à Venise. Philippe Malgouyres, conservateur en chef du patrimoine au musée du Louvre, est le commissaire de l’exposition.

La rencontre de deux lieux d’exception

La Ca’d’Oro, la Maison d’Or en dialecte vénitien. Elle tient son nom des décorations dorées de sa façade, visibles depuis le Grand Canal .Une façade célèbre pour ses colonnades ajourées et ses loggias. Construite en style gothique tardif entre 1421 et 1434, elle tombait en décrépitude lorsqu’elle fut acquise par le baron Giorgio Franchetti en 1894 qui la restaura et réunit une impressionnante collection d’œuvres d’art. A sa mort en 1916, il léguera la maison et sa collection à l’état italien. La galerie Giorgio Franchetti sera ouverte au public en 1927.
L’Hôtel de la Marine a été bâtie, en 1765 pour abriter les collections royales. Il deviendra en 177 7 le premier musée d’arts décoratifs. La marine quittera totalement les lieux en 2015. Le Centre des Monuments nationaux assurera la restauration et l’Hôtel de la Marine sera à nouveau ouvert au public en 2021. Il abrite depuis la collection permanente Al Thani (la famille royale du Qatar) et accueille deux expositions temporaires par an.
La visite de l’exposition commence par des œuvres permanentes de la collection Al Thani. Sont exposées des statuettes antiques venant de tous les continents. Le décor est un peu clinquant mais magique. La lumière diffuse d’une salle peinte en noir, éclairée par un feuillage doré, les œuvres sont dans des niches très sobres. L’effet est saisissant.

L’âge d’or de Venise

Le visiteur se retrouve dans la Venise du 15ème et 16ème siècle. La République Sérénissime est riche de son commerce, la ville compte 100 000 habitants, c’est l’âge d’or de Venise. La salle est surmontée par le lion ailé emblème de Venise. Un panneau explicatif rappelle le contexte historique. La ville est présentée au visiteur par une carte datant de 1560 et deux tableaux de Francesco Guardi. Ils nous montrent la place St Marc, le Palais des Doges, l’activité quotidienne au bord de la lagune, nous transportant dans la Venise d’alors. Des médailles et des bronzes complètent cette première salle.
La peinture emblème de la renaissance
Voici l’œuvre maîtresse de la collection de la Ca’d’Oro : le Saint Sébastien peint par Andréa Mantégna en 1490. La souffrance est intolérable, indicible, par l’expression désespérée du visage, par le contraste entre la beauté du corps humain et sa destruction avec les innombrables flèches. Le sang coule. Très impressionnant. Le portrait de Nicolo Priuli par le Tintoret : seul le visage du vieillard est éclairé, il exprime la crainte, l’interrogation face à la mort qui approche. Une leçon de peinture effectivement. Le visiteur sera touché par le tableau de Michèle de Vérona : « Le Christ, sa mère et St Jean ». La douceur des couleurs la beauté des drapés, la finesse des visages rendent cette œuvre séduisante, apaisante. Remarquable aussi le portrait de « La fille au chien » de Michele Tosini par son clair obscur, par l’expression du visage qui dévoile une tranquillité un peu interrogative.

Les sculptures : la beauté antique retrouvée et sublimée

Les sculptures sont exposées dans un couloir, comme un chemin sombre qui met parfaitement en valeur l’éclat des bustes de marbre éclairés. Alessandro Vittoria a créé un buste majestueux de Francesco Duodo, le vainqueur de la bataille de Lepante. L’austérité, la réflexion, la responsabilité se dégagent de celui de Mattéo Eletto, un ecclésiastique, réalisé par Bartoloméo Bergamasco. Certaines sculptures sont très émouvantes. Ainsi dans le portrait d’un jeune garçon, le visiteur pourra admirer la beauté du visage, le sentiment de fragilité qui en émane. Dans son Double Portrait Tullio Lombardo saisit un instant de bonheur du couple. La vierge à l’enfant de Jacopo Tati est tellement touchant, par la tendresse, par l’intensité de l’amour maternel, la mère et l’enfant paraissent ne faire qu’un. L’exposition se termine par un buste de cardinal sculpté par Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin qui sera très influencé par ses prédécesseurs vénitiens.
Avant d’arriver à la Ca’d’Oro le visiteur est saisit par la grandeur: la place de la Concorde la rue Royale puis l’Hôtel de la Marine sont des lieux imposants, majestueux. L’exposition elle-même plutôt petite, donne une impression d’intimité. Elle pourrait être un bijou vénitien dans son écrin parisien. Les explications (textes, audioguides) sont suffisantes et l’exposition réussit son objectif de nous montrer la renaissance vénitienne. L’originalité, est l’accent mis sur les sculptures ces marbres vénitiens sont vraiment magnifiques.

Du 30 Novembre 2022 au 26 mars 2023, à l’Hôtel de la Marine,

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Jean-Marie Chamouard

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