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La 3e scène de l’Opéra National de Paris se matérialise au Fond Hélène & Edouard Leclerc pour la Culture

La 3e scène de l’Opéra National de Paris se matérialise au Fond Hélène & Edouard Leclerc pour la Culture

09 April 2016 | PAR Yaël Hirsch

Quelques mois après son lancement en septembre 2015 (lire notre article), la 3e scène de l’Opéra National de Paris casse à nouveau les codes. Cette scène entièrement numérique et disponible sur la toile fait irruption dans la “vraie” vie et choisit l’extrême pointe ouest de la France, au Fond Hélène & Edouard Leclerc pour faire irruption dans le réel. C’est la rencontre de l’Opéra de Paris, de la famille Leclerc et de la Scène Nationale de Brest, le Quartz, qui donne naissance à un bel écrin pour 12 des 25 vidéos déjà existantes sur cette nouvelle scène artistique. A voir du 10 avril au 16 mai 2016, à Landernau.

C’est donc à Landernau, où la famille Leclerc a ouvert sa première epicerie au milieu du 20e siècle et où la Fondation pour la culture a ouvert, il y a 3 ans que la 3e scène de l’Opéra de Paris se donnera à voir “in real life”. Co-organisée par les commissaires Dimitri Chamblas et Amélie Couillaud, cette exposition hors-normes propose une expérience de totale immersion dans les films réalisés pour la 3e scène. Dans une pénombre et sur une moquette feutrées, c’est sur plusieurs écrans et dans diverses positions que le public est invité à suivre d’affilée 12 des 25 créations existantes de la 3e scène. On les regarde comme un cycle, en commençant et en terminant sur les ellipses urbaines du plasticien Xavier Veilhan dans Matching Numbers (voir le film). Tous les films de la 3e scène célèbrent ce petit monde créatif et brûlant qu’est l’Opéra de Paris : ses danseurs (le joli film animé Nephtali de Glen Keane, ou les jeux de dédoublement lynchiens aux chaussons bleus de La grande sortie de Alex Prager), ses chanteurs (Vocalises et chant dédoublé de Barbara Hannigan dans C’est presque au bout du monde de Mathieu Amalric), mais aussi ses techniciens( Giselle, The walking escape, de David Luraschi), ses mystères qui se dévoilent lorsque la grande scène de la Bastille se vidée de tout décor (Je vous emmène de Eric Reinhardt) ou bien se livrent un peu sous forme d’abécédaire (O comme Opéra de Loren Denis) et de témoignages (Je me souviens de Manuela Dalle). Voir d’affilée et comme sous hypnose plusieurs de ces films permet de se plonger dans la vie grésillante de l’Opéra et d’interroger, comme dans le brillant Patterns of life de Julien Prévieux, le rapport énigmatique qui existe entre le rêve fulgurant et les suites mathématiques des mouvements de la vie.

Face à ce déploiement de créativité, le public ne reste jamais passif : il est souvent invité à entrer lui-même en mouvement et à “changer d’écran”. Une manière de “zapper” sans changer de canal intense. Tandis que l’on peut grimper sur une crête, s’asseoir sur des bancs ou regarder les films allongés au creux d’un plafond-écran, l’expérience est pensée avec des variations de lumières efficaces et aussi avec un pan de performances “live” imaginé avec la complicité de la Scène Nationale de Brest, le Quartz. Lors de la pré-ouverture de ce 10 avril 2016, où la présentation vibrante du projet par la fondatrice historique des Magasins Leclerc, Hélène et son fils, actuel directeur, Michel-Edouard, nous avons pu assister à une performance délicate de Emmanuelle Huynh qui a dansé, habillée en latex noir reflétant la faible lumière, devant le plus grand des écrans. Jusqu’au 16 mai 2016, de tout grands danseurs se succéderont dans cette 3e scène, prenant chacun des longues charges de mouvements de 4 heures : Sylvain Prunenec, Raphaëlle Delaunay, Alix Eynaudi, Betty Tchomanga, Christophe Ives, Marcela Santander, Lenio Kaklea, Volmir Cordeiro, Julien Gallée-Ferré, Olga Dukhovnaya, Nuno Bizarro, Catherine Legrand, Kerem Gelebek et Dimitra Chamblas lui-même.

On sort de la visite impressionné par l’expérience en immersion, pleins d’attente sur les 100 productions annuelles prévues par La 3e scène et avec de vraies questions sur ce que va nous permettre de découvrir ce contenu pensé pour le digital, mais qui peut aussi faire événement dans un écrin aussi précieux que le Fond Hélène et Edouard Leclerc.

visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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