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L’ Arlésienne réapparaît au Musée Provençal du Costume et du Bijoux

L’ Arlésienne réapparaît au Musée Provençal du Costume et du Bijoux

21 March 2017 | PAR La Rédaction

A l’occasion du vingtième anniversaire du musée Provençal du Costume et du Bijou, le peintre réaliste arlésien Antoine Raspal (1738-1811) est mis à l’honneur dans le cadre d’une double exposition itinérante des musées Fragonard Parfumeur de Grasse du 12 mai au 17 septembre 2017 au Musée Réattu d’Arles du 7 octobre 2017 au 7 janvier 2018.

Cette rétrospective réunit ainsi près de cinquante tableaux et dessins du peintre, dont certaines œuvres inédites, issues de collections privées n’ayant pas été exposées lors des deux rétrospectives antérieures consacrées au peintre en 1925 puis 1977.

Formé à l’Académie Royale de Peinture, puis revenu rapidement exercer son art à Arles, Antoine Raspal s’inscrit en rupture notable avec son époque et la tradition du portrait, et se consacre à la représentation des traditions locales et en particulier le Costumes d’Arles, né à cette période, vers le milieu du XVIIIe siècle.

Le Costumes d’Arles est en peinture comme en littérature une figure métonymique classique pour désigner la femme arlésienne. L’Arlésienne de Daudet, personnage fantomatique et fantasmatique est décrite dans sa nouvelle éponyme par son seul costume, rien n’est dit sur elle si ce n’est qu’elle était tout en velours et en dentelles. L’Arlésienne au visage gris de Van Gogh, sublime de tristesse, semble presque se noyer dans la masse noir bleu de Prusse de son imposant costume traditionnel, représenté sommairement sans aucun détail ornemental, comme un écho à l’enfermement psychologique de Madame Ginoux.

Ici, c’est bien du Costume d’Arles et de lui seul qu’il s’agit, dans tout son raffinement.

Dans l’œuvre de Raspal, toute la lumière est en effet portée sur les étoffes, les velours et les dentelles, les ornements et croix, peints dans des couleurs particulièrement vives, tandis que les visages sont plutôt communs, et semblables d’une œuvre à l’autre.

Raspal représente inlassablement d’élégantes inconnues, peu expressives, s’effaçant naturellement derrière leurs somptueux costumes mis en scène avec une minutie d’orfèvre et une précision quasi-photographique.

L’arlésienne prend la pose et s’expose sous toutes ses coutures donc, mais qu’on ne s’y trompe pas !

L’Arlésienne de Raspal, la figure centrale, fondatrice mais quasiment absente de son œuvre, ce sont ses deux sœurs Thérèse et Catherine, tailleuses de robes pour dames et demoiselles, à l’origine de l’ensemble des modèles de costumes représentés par le peintre.

Antoine Raspal a passé la majeure partie de son existence à évoluer dans l’Atelier de couture de ses sœurs et son œuvre entière est un hommage vibrant aux costumes arlésiens familiaux, et non aux élégantes devenues l’accessoire de leur Costume.

La remarquable scénographie de l’exposition met en lumière l’œuvre du peintre sous cet angle, plusieurs pièces textiles historiques étant mises en scène en regard des tableaux les représentant.

Effacement du modèle devenu mannequin, présence de réels costumes arlésiens aux cotés de leurs représentations picturales, les tableaux ainsi mis en scène agissent alors comme les curieux et charmants ancêtres des publicités contemporaines.

Dans cette perspective, le chef d’œuvre de Raspal peint vers 1785 mettant en scène la vie de l’Atelier prend alors des allures de plongée dans les coulisses, à la façon d’un making of.

L’Atelier de Couture dévoile six femmes autrement plus expressives que les élégantes, et leurs costumes arlésiens bien plus modestes.

On devine la maîtresse d’atelier à gauche, la main levée donnant une instruction, qu’on croirait presque entendre, la petite ouvrière en bas à droite, courbée et affairée, habillée plus simplement.

Dans l’Atelier de Couture, la fabrication prend nettement le pas sur les créations : les costumes ailleurs si détaillés et réalistes sont ici tous accrochés en arrière plan de l’œuvre, dans des formes assez abstraites.

Le couturier arlésien Christian Lacroix, récemment redevenu costumier, aime à raconter que cette œuvre a fait naître très tôt sa vocation artistique et l’a accompagné sa vie durant.

Cette exposition originale et bien pensée donne à voir les origines du Costume arlésien, ses finesses et variétés, selon la position sociale ou maritale de sa propriétaire, et offre ainsi un témoignage unique sur une tradition ancienne, faisant partie intégrante du patrimoine culturel français, et peut-être bientôt inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco.

Yaël Mrejen

Informations pratiques

Musée Jean-Honoré Fragonard et au Musée Provençal du Costume et du Bijou

Exposition du 12 mai au 17 septembre 2017

https://www.fragonard.com/fr/

Visuel : ©Musée Jean-Honoré Fragonard et au Musée Provençal du Costume et du Bijou

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