Expos
Karine Rougier, l’écoféminisme magique

Karine Rougier, l’écoféminisme magique

06 February 2023 | PAR Laetitia Larralde

Lauréate du 11ème Prix Drawing Now en 2022, Karine Rougier nous raconte une année de création avec son exposition au Drawing Lab.

Le Prix Drawing Now récompense un.e artiste en milieu de carrière se consacrant au dessin avec une dotation, une aide à la création d’une exposition et l’édition d’un catalogue monographique. Ainsi, Karine Rougier a décidé, alors que le prochain lauréat sera nommé en mars prochain, de nous montrer tout l’éventail de sa pratique, allant de la miniature à la vidéo, en passant par la peinture et le diorama.

Le vaste espace, éclaboussé de pigments roses et oranges vifs, comme si la fête des couleurs indienne venait de se terminer, se distend autour des miniatures. Les quelques grands formats se serrent sur les murs les plus petits, leurs détails à la mine de plomb contrastant avec les couleurs des petits formats. Cet accrochage prend le contrepied des œuvres, créant à la fois une dilatation et une contraction de l’espace, pour mieux laisser les étranges créatures de l’artiste sortir de la faille ainsi créée.

Le monde de Karine Rougier mélange écologie, féminisme, ésotérisme et monstres chimériques. Les petites scènes qu’elle compose fourmillent de détails plus fins les uns que les autres et nous racontent des histoires d’êtres hybrides, de grottes enchantées et de jeux de hasard où les références fourmillent et se mêlent comme autant de fils à tirer. Sous son pinceau très fin qu’elle utilise comme un crayon, Karine Rougier honore les femmes, dans un lien à la fois étroit et fluide à la nature.

En guise de texte d’introduction, l’écrivaine Nina Leger a proposé un poème, comme une nouvelle aventure à vivre par ces multitudes de petits personnages. Et si certaines scènes sont sous-tendues de drames tirés de l’actualité, l’étreinte, « un baiser long comme le temps du monde » selon Nina Leger, unit les êtres. Presque tous sont en contact avec un élément liquide, qu’il soit eau, larmes ou lait, comme une métaphore de la maternité, enveloppante et protectrice.

Les monstres et les chimères, représentants d’un monde magique et invisible, nous accompagnent tout au long de la visite, gardiens du monde de Karine Rougier. Et les mots de Nina Leger de conclure : « Et que pour tout souvenir, il nous reste / Un brouillard coloré au revers des paupières /
– il sera plus facile de dire qu’on a rêvé. »

Karine Rougier, Nous qui désirons sans fin
Du 20 janvier au 31 mars 2023
Drawing Lab – Paris

Visuels : 1- Karine Rougier, Sans titre – Série « Maintenant, vivantes », 2022 Pigments et aquarelle sur papier wasli, 35 x 21 cm © Courtesy galerie Espace à vendre © ADAGP, Paris 2023 / 2-3-4-5- Vues de l’exposition « Nous qui désirons sans fin » de Karine Rougier au Drawing Lab du 20 janvier au 31 mars 2023 © Production Drawing Lab © photo Nicolas Brasseur

« Un simple enquêteur » de Dror Mishani : simple certes mais efficace
Quand les mondes de Claire Diterzi (s’en)chantent
Avatar photo
Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration