
Inauguration du Musée Auguste Comte
Hier, étions-nous le 22 janvier ? Pour une soirée, au moins, nous étions le Moïse 227, selon la division du temps établie par le philosophe Auguste Comte. Dans son bel appartement du 10 rue Monsieur le Prince, une foule se pressait pour assister à l’inauguration du Musée, en présence du Maire du 6e arrondissement et de l’ambassadeur du Brésil !
Auguste Comte se serait-il senti à l’aise, au milieu d’un si grand nombre de personnes, lui qui pouvait se montrer assez misanthrope ? Oui, sans doute, car l’assemblée était composée d’amis, tous familiers de sa pensée. Un peu élitiste, Comte aurait été flatté de voir Régis Debray traverser son salon ! Parmi les invités « hommes d’esprit », on comptait également hier Pascal Bruckner, ou encore le mathématicien et philosophe Olivier Rey (Une question de taille, Stock, 2014), un habitué des lieux. Dans son discours inaugural, le Président de l’Association internationale « La Maison d’Auguste Comte », Jean-François Braunstein, professeur à Paris I, a souligné l’importance que Michel Houellebecq accorde à la pensée comtienne.
Car, décidément, Auguste Comte, ce drôle d’oiseau, est indémodable. Homme difficile, rétif aux étiquette, il était certes un peu fou, mais remarquablement intelligent. Philosophe des sciences, penseur social, inventeur d’une nouvelle religion, Comte n’a cessé de rappeler la nécessité d’une régénération de la société et d’un nouvel ordre. Avec l’idée qu’une société ne pouvait se passer de religion.
Etonnante, la religion de l’humanité créée par Auguste Comte entendait relier, en un même culte, les vivants et les morts. Les êtres passés, présents et à venir communiqueraient ainsi, outre-tombe. A la source de son inspiration, un amour romanesque et platonique pour la jeune et belle Clotilde de Vaux, emportée par la maladie.
Pour cette soirée d’inauguration, c’est le Brésil qui était à l’honneur. Le positivisme a eu dans ce pays un fort rayonnement, et c’est tout naturellement que l’ambassaseur du Brésil, José Mauricio Bustani, est venu rendre un hommage chaleureux et plein d’esprit à Auguste Comte. Des Brésiliens avaient fait le voyage tout spécialement pour cette occasion.
Parions qu’hier soir, ces morts illustres étaient de la fête, tout comme les disciples de Comte qui avaient leurs habitudes au 10 rue Monsieur le Prince, où le philosophe donnait, de 1849 à 1851, des cours « en privé », après la perte de sa chaire.
Pour découvrir ces lieux toujours habités, voire hantés, nous vous recommandons vivement de contacter le responsable du Musée David Labreure, jeune homme cultivé et charmant qui se fera un plaisir de vous éclairer sur la pensée comtienne et ses mystères.
Informations pratiques : [email protected] et 01 43 26 08 56
Site du musée (très bien documenté) : www.augustecomte.org
photos: ©Olivia Leboyer