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Hyperréalisme au Musée Maillol : derrière les reproductions parfaites, l’émotion

Hyperréalisme au Musée Maillol : derrière les reproductions parfaites, l’émotion

28 September 2022 | PAR Yaël Hirsch

Après être passée par la Sucrière de Lyon et à la Boverie de Liège, l’exposition Hyperréalisme qui réunit 40 sculptures d’artistes internationaux de premier plan dont : George Segal, Ron Mueck, Maurizio Cattelan, Berlinde De Bruyckere, Duane Hanson, Carole A. Feuerman et John de Andrea est arrivée au Musée Maillol. Sous-titré “Ceci n’est pas un corps”, très joliment scénographie, l’évènement tente de constituer une école d’artistes qui expriment, derrière leur souci du détail physique, une intense émotion.

Hyperréalisme : une nouvelle école? 

Qui n’a pas été saisi par les grandes figures à taille humaine de Ron Mueck (voir notre article sur la grande exposition de l’artiste à la Fondation Cartier) ? En sculpture, le sens du détail qui mène à l’hyperréalisme ne tue pas les émotions, au contraire, il les exacerbe.  Ils ont beau être cowboys ou vacanciers, les personnages reproduits avec une sourcilleuse exactitude nous envoient des ondes de mélancolie profonde. On a peur d’entrer dans le dos que nous tend la Caroline de Daniel Firman, si fragile et si présente, comme un vertige à l’entrée de l’exposition itinérante Hyperréalisme. Un rassemblement d’oeuvres qui s’installe au Musée Maillol de manière convaincante comme un pan d’art contemporain que l’on aurait négligé et qui s’immisce jusque dans les collections…

Par delà l’académisme des corps

Face aux marbres du maître, les connexions fonctionnent parfaitement. Il y a en effet un savoir-faire hérité des plus grands dans cette sculpture d’une exactitude folle et qui semble protester contre l’abstraction. Tout commence avec les classiques dans des salles ouatées aux murs sombres et où l’on se laisse saisir comme par des humains, par les silhouettes des oeuvres de Tom Kuebler, Duane Hanson et George Segal. Des monochromes font un clin d’oeil vers l’abstrait justement, les jeux de tailles et les morcellements, plutôt vers le surréalisme (Gilles Barbier, Zharko Basheski, Walter Cassoto…) jusqu’à ce que l’on arrive au difforme (la vieille mère et l’enfant de Sam Jinks ou les visages siamois immenses d’Ewan Penny). Une dernière partie de l’exposition installe des sculptures hyperréalistes au milieu des oeuvres de Maillol, ainsi du joli galbe dAriel de John de Andrea,  de la nageuse de Carole Feuerman ou des vacanciers sur transats de Pat & Veerle et Jacques Verduyn…

Particulièrement au Musée Maillol, l’exposition hyperréalisme parvient à nous convaincre qu’il existe un courant artistique méconnu et qu’il est important. Reste à parier que l’évènement fera date et école…

Hyperréalisme, Ceci n’est pas un corps, du 8 septembre 2022 au 5 mars 2023, tous les jours, Musée Maillol, Nocturne le mercredi jusqu’à 22h

visuels in situ (c) Copyright Thomas Faverjon

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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