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A Genève,  « L’effet boomerang », aux origines de la collection d’arts aborigènes du MEG

A Genève, « L’effet boomerang », aux origines de la collection d’arts aborigènes du MEG

15 September 2017 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 7 janvier 2018, le Musée Ethnographique de Genève (MEG) présente au même niveau que ses collections permanentes mais dans un espace bétonné qui rappelle une galerie d’art contemporain, les trésors de ses collections d’art australien. Très soucieuse de faire un travail de réflexion historique et politique, l’exposition « L’effet boomerang » présente les peuples aborigènes, les étapes de la constitutions de la collection mais aussi un travail plastique et politique de l’artiste en résidence, Brook Andrew. Un joli travail de mémoire, mais qui perd parfois les visiteurs, à force de précautions.
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C’est donc dans une galerie contemporaine que l’on tombe pour commencer l’exposition. Tout de suite, la question de la représentation est posée avec l’envie de savoir si l’Australie est une « terre vide » (vision européenne) ou terre pleine (vision aborigène). Certains éléments cosmiques se retrouvent dans des œuvres contemporaines et locales, tandis que la place et la trace des aborigènes passe par des objets (nacres qui servaient à passer les messages, flèches…). En fin de première salle, le yin et le yang reviennent avec la présence / absence signifiées par des (superbes) photos du colonisateur (Paul Heinrich Matthias Foelsche) et du natif (Martin Cook).

Sur fond bleu et élégant, la deuxième salle articule autour d’une installation de Brook Andrew certains éléments phares des collections australiennes du MEG à travers leur ordre d’apparition : les achats auprès de marchands, le fruit du travail du diplomate Maurice Bastian, les peintures sur écorces acquises avec la céramiste Claude Albana Presset… On suit ainsi pas à pas la constitution de la collection.

Dans l’avant-dernière salle nous opérons un retour de focus sur les autochtones avec des grandes problématiques transversales et des œuvres immenses d’hier et d’aujourd’hui. Si l’on est ébloui par les couleurs et les œuvres, la carte étant restée dans la première salle, on a un peu de mal à situer les aires et à passer des cérémonies pour les morts tiwi à la critique des ghostsnets, filets de pêches industriels qui font disparaître certains animaux australiens.

Beaucoup plus explicite est en revanche l’œuvre de Brook Andrew dans la dernière salle qui reprend à son compte les points principaux des post Colonial Studies pour défier (sans spécificité australienne particulière, semble-t-il) « les discours dominant ». De l’action art qui vient participer de l’effort courageux du MEG pour mettre en perspective un passé européen colonial et la richesses de collections aborigènes spectaculaires.

Visuels : YH et affiche de l’expo

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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