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François Réau mesure le temps au Drawing Lab

François Réau mesure le temps au Drawing Lab

20 October 2022 | PAR Laetitia Larralde

Cette nouvelle carte blanche du Drawing Lab associe l’artiste François Réau et le commissaire Léo Martin, qui nous invitent à considérer le dessin sous le prisme du temps et de l’espace.

En descendant les marches vers le Drawing Lab, une odeur végétale nous accueille et nous fait entrer dans l’univers de François Réau. L’artiste est un dessinateur avec une orientation marquée vers le paysage, mais au sens très élargi. La terre et le ciel se mêlent dans sa conception de cette notion, qui se projette jusqu’aux étoiles. Car pour lui, le dessin des constellations qui consiste à relier deux points par une ligne, est le geste initial de tout dessin, la première abstraction dessinée par des voyageurs.

Au Drawing Lab, on cherche à faire sortir le dessin de ses limites, ce que fait François Réau en interrogeant les outils, les supports et les traces du dessin. En utilisant le poème d’Antoine-Léonard Thomas Ode sur le temps comme fil rouge de son installation, il inscrit sa démarche dans une dimension temporelle, une mesure du temps à l’aune des étoiles. Les muses antiques sont convoquées telle qu’Uranie, muse de l’astronomie, que l’on retrouve symbolisée par un compas, faisant référence à la constellation éponyme, Circinus.

Les outils du dessinateur choisis ici sont très techniques. Pas de crayon ni de pinceau, mais des fils à plomb, des pinces. Car si François Réau a une pratique classique du dessin avec crayon et papier, comme ce grand nuage rehaussé au lavis bleu fait de milliers de petits traits, il semblerait qu’il cherche également à atteindre l’immatérialité du dessin tracé par un doigt pointant les étoiles. Ses installations utilisent des végétaux, des néons, des miroirs ou encore des fils pour créer un premier motif. A ce dessin en 3D vient s’ajouter un deuxième dessin, formé par les ombres portées sur la surface blanche du mur et dont le gris rappelle le graphite.

Les mots en néon, issus des mots dessinés au crayon du poème, constituent une autre forme d’immatérialité, une trace de lumière reflétée dans les miroirs. Dans la pénombre de l’espace, ils tiennent autant de la géométrie de la nature que décrit la suite de Fibonacci selon laquelle les miroirs sont disposés que de la fulgurance d’un éclair. Nuages, bois, éclair : nous voici face à un orage poétique en pleine nature, ses éléments décomposés réarrangés sous nos yeux.

Quand François Réau fait référence aux motifs classiques de l’histoire de l’art tels que le coquillage ou le crâne, il s’inscrit dans une chronologie, un flux temporel artistique. Avec son triptyque recouvert de petits traits de crayon comme autant de jours qui s’écoulent sur les murs d’une prison, il décompose ce temps long en unités appréhensibles et le ramène à la dimension de sa main, petites traces noires reliant deux points.

Avec cette approche à la fois littéraire et astronomique du dessin, en 2D et 3D, physique et immatérielle, François Réau nous propose un voyage immobile, où le corps et l’esprit se tendent vers les étoiles, les pieds ancrés au sol.

François Réau – Du temps sois la mesure
Du 14 octobre 2022 au 05 janvier 2023
Drawing Lab – Paris

Visuels : Vues de l’exposition Du Temps sois la mesure de François Réau (commissaire d’exposition Léo Marin) au Drawing Lab du 14 octobre 2022 au 5 janvier 2023 © Production Drawing Lab © photo Nicolas Brasseur

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Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

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