Fausses histoires et vraies fictions
Le MAC VAL et son nouveau directeur Nicolas Surlapierre présentent Histoires vraies, une nouvelle exposition collective sur le thème du storytelling. A chacun de choisir l’histoire qu’il veut y entendre.
La nouvelle exposition temporaire du MAC VAL, Histoires vraies, s’inscrit dans la continuité d’une réflexion amorcée en 2005 sur la construction du Sujet. Cela a donné plusieurs expositions, dont Lignes de vies en 2019 qui questionnait les liens entre art et autobiographie. Avec une quarantaine d’artistes de générations et de pratiques diverses, Histoires vraies poursuit l’exploration des limites entre réel et fiction autour de la question de la construction du récit.
Les œuvres d’art, pour la plupart, racontent une histoire. Premiers mots, totalité ou fragments du récit, chaque artiste offre, consciemment ou non, un fragment de sa réalité à un public libre de l’interpréter. On est parfois proches du documentaire, parfois en plein conte, le plus souvent dans un mélange entre réel et fiction empreint de la personnalité de l’artiste. Il est le narrateur au travers des yeux duquel nous lisons l’histoire, celui qui va orienter notre perception des faits présentés.
A l’heure de la globalisation de l’information, des fake news et du metavers, il est essentiel de garder à l’esprit que chaque narrateur offre sa version de la réalité, plus ou moins biaisée par ses convictions et ses objectifs. Alors comment savoir où se trouve la réalité ? Si chaque protagoniste d’une même histoire a son propre point de vue, sa propre interprétation des faits, la réalité doit donc se trouver à l’intersection des récits. Le réel serait alors une accumulation d’histoires, convergentes ou parallèles.
Les artistes utilisent des techniques diverses pour mettre en place leur narration, et certains, tel qu’Etienne Charry, multiplient les moyens. Il donne corps à des groupes musicaux fictifs par des accessoires, des costumes, une musique et une vidéo, assemblant des éléments épars pour faire surgir une fiction qui semble étrangement réelle. Sur le même principe d’accumulation de preuves entièrement fabriquées, Aurélien Mauplot nous entraîne à la découverte d’une île disparue de l’océan Pacifique avec son cabinet de curiosité d’explorateur.
Le récit nous est nécessaire pour mettre en forme le monde qui nous entoure et réfléchir à son sens. Ainsi, Yan Tomaszewski s’appuie sur un conte coréen pour aborder une question de société actuelle. Mais on peut également se pencher sur les vieux récits pour en analyser le regard et les conceptions de celui qui l’a raconté, comme Kent Monkman qui remet en cause les récits fondateurs des Etats-Unis. Une histoire raconte autant la fiction que l’on veut transmettre que le contexte dans lequel elle a été créée et les convictions de son auteur.
En sortant de l’exposition, on se rend compte que la réalité est une fiction fluctuante. Comment pourrait-on alors, dans ces conditions, croire en une vérité universelle ? Nous sommes la superposition de notre histoire personnelle, de celle de notre famille, de celle de notre société. A nous de décider comment la raconter.
Histoires vraies
Du 4 février au 17 septembre 2023
MAC VAL – Vitry-sur-Seine
Visuels : 1- Aurélien Mauplot, Les impatiences (série des glaces) 2017. Acrylique sur photographie, 20 x 10 cm. © Adagp, Paris 2022 / 2- Etienne Charry, The Photons, 2022. « Catalogue », tournage à l’Abbaye de Maubuisson le 26/03/2022 / 3- Yan Tomaszewski, Gangnam Beauty, 2021. Vidéo HD, 23 min 11 s. Production Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains et Backyard Films. / 4- Kent Monkman, Group of Seven Inches, 2005. 07’35, colour, English. Courtesy Kent Monkman.
