Arts

Exposition “Retour aux bacchanales” de Thierry Pertuisot à la galerie Victor Sfez, Paris

12 June 2021 | PAR Pauline Lisowski

Depuis le 30 mai, à la galerie Victor Sfez, Thierry Pertuisot nous propose une expérience visuelle circulaire d’une grande force. Il investit de manière contemporaine le mythe de Bacchus tout en nous invitant à savourer la vie et les bienfaits de la nature.

Thierry Pertuisot explore plusieurs dimensions de la peinture notamment en travaillant sur l’espace-temps qu’elle incarne. Il a répondu au défi d’investir entièrement la galerie Victor Sfez. De petit volume, elle devient une scène de spectacle dans laquelle nous sommes immergés par des peintures qui présentent des situations de vie, de joie et de plaisirs de dégustation.

Son environnement de travail autour des vignes à Epernay, nourrit son inspiration artistique. Il observe cette nature cultivée et prend soin de la comprendre. Il revisite également l’histoire de l’art tout en portant un regard sur notre société, qu’il traduit dans sa peinture, strates de vues en mouvement. L’artiste développe un projet pictural complexe tout en étant accessible. Pour lui, la peinture incarne « le temps épais ». Ses œuvres interrogent la décomposition par l’outil numérique, pensé en regard de la peinture. La mise en scène de ses tableaux et de ses travaux au fusain sur toile provoque une sorte de vertige, de tourbillon du regard. Thierry Pertuisot associe dessins au fusain et peintures dans un ensemble homogène. S’y cachent des portraits de son entourage, des fruits et autres éléments, proches du décoratif. L’œuvre de format circulaire fait écho aux plafonds baroques qui ornent certains monuments historiques, châteaux ou églises, à partir du XVIIeme siècle et renforce la sensation de bascule, relative à notre société de troubles. L’aspect décoratif de son travail pictural attire notre regard tout en nous incitant à nous interroger sur ce qu’on vit aujourd’hui, des situations qui nous alertent sur nos impacts sur l’environnement.

Pour l’artiste, « la peinture reprend le dessus sur les prothèses numériques ». Ses œuvres aux couleurs électriques, presque absurdes, présentent des effets de l’art baroque et du maniérisme. Un certain rapport au collage se révèle également dans son travail artistique. Les figures des éléments cachés et entremêlés de ses toiles s’enchevêtrent et sont à déchiffrer. Ses œuvres procurent une sensation de vitesse, écho au basculement rapide dans la vie. Thierry Pertuisot compose ses peintures par bandes d’un tableau à un autre, tel un glissement d’images de l’une à l’autre des compositions. Ce qui perturbe la lisibilité des œuvres de petits formats.

Des murs au plafond, son exposition est une ode à la fête, au vivre ensemble, à la dégustation de fruits et autres mets délicats, possibles produits locaux. L’artiste, attaché à sa terre, à son territoire, interprète le mythe de Bacchus, Dieu du vin et de la fête, qui symbolise la vie orgiaque. Cette figure ambiguë convoque aussi celles nietzschéennes d’Eros et Thanatos. En déconstruisant ce thème, il met en évidence une vie dans la peinture, nous invitant à une promenade du regard. Nous sommes happés par la profusion de sujets et de formes qui se mêlent et provoquent une perte de repères. Un récit se crée au fil de la perception de ses œuvres de grands formats.

Ses peintures nous incitent aussi à prêter attention au cycle des saisons, à être humble face à la nature qui nous fournit des biens, des ressources pour une vie saine. En cette période de remises en question, son travail artistique ici exposé, nous offre une possible renaissance, un espoir de partager des moments conviviaux intenses. Son exposition établit des ponts avec l’histoire de l’art, les œuvres monumentales de bâtiments historiques et les faits actuels de notre société, notre besoin de vivre et de nous connecter aux autres, au vivant.

Informations pratiques : Galerie Victor Sfez, Paris, 18, place Dauphine, Jusqu’au 24 juillet 2021

Visuels : ©Thierry Pertuisot

Cinédanse : Loïe Fuller cinéaste
Samir Guesmi : « Dans Ibrahim, le silence est assourdissant »
Pauline Lisowski

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration