[Exposition] “Le Bouddhisme de Madame Butterfly” se pose au Musée d’Ethnographie de Genève
Jusqu’au 10 janvier 2016, le musée ethnographique de Genève propose une exposition destinée à tous les curieux et les amoureux du Japon. Toutefois, le sujet et l’angle choisis sont pour le moins inédits : le japonisme bouddhique ou l’intérêt, la découverte et la perception par les européens du bouddhisme et de la spiritualité japonaise au XIXe siècle.
Le bouddhisme japonais, qui cohabite avec le shintoisme, est une forme issue du bouddhisme indien à laquelle s’ajoute les variations chinoises. Cependant, la fermeture du Japon au monde extérieur pendant plusieurs siècles a permis non seulement de préserver des pratiques anciennes, mais également de voir émerger des pratiques propres, avec l’intégration de formes et de divinités préexistantes aux japon. Dès l’ouverture du Japon dans la seconde moitié du 19e siècle, les occidentaux se sont passionné non seulement pour l’art populaire de type estampes (ukiyo-e) mais également pour cette religion sans dieu, cette philosophie spirituelle. Avec le percement du canal de Suez, le Japon n’est alors plus qu’à 40 jours de bateau. Artistes, savants, collectionneurs et jeunes nantis se ruent au pays du soleil levant pour découvrir ce pays aux raffinement extrême, où la recherche perpétuelle de perfection côtoie la volonté de dépouillement. Plus encore que l’artisanat populaire créé spécialement pour l’exportation, c’est le bouddhisme et ses différentes variétés qui attirent les voyageurs à l’image d’Émile Guimet et d’Henri Cernuchi. Guimet et son collaborateur Félix Régamey (1844-1907) poussent leur recherches jusqu’à rencontrer les grands maîtres de plusieurs sectes bouddhiques. A son retour en France, Régamey peint à son retour une quarantaine de toiles sur ce voyage pour le musée des religions guimet. Dès la mort d’Emile Guimet en 1918, les toiles sont retirées et dispersées. Sept d’entre elles sont réunies pour l’exposition et seulement 17 sont localisées à ce jour.
De leurs voyages, les européens rapportent nombre de bibelots à la mode, mais également des œuvres d’un intérêt patrimonial exceptionnel comme du matériel liturgique bouddhique. Ces transferts vers l’Europe sont facilités par la persécution des temples et des bonzes bouddhistes au début de l’ère Meiji. Les religieux, privés de revenus, vendent les biens mobiliers de leur temple.
Le bouddhisme japonais arrive également en France et en Europe avec les voyages de jeunes moines venus étudier la culture européenne et le christianisme.
Ce mouvement d’échange culturel est illustré en 6 sections allant de la contextualisation du japonisme à la découverte et la réinterprétation du bouddhisme japonisant en passant par Madame Butterfly….
La vaste entreprise de cette exposition donne le meilleur comme le moins bon. Ainsi, les sections sur le bouddhisme ou sur Guimet sont des plus prometteuses, mais certaines autres parties, en particulier l’élégante Mme Butterfly, ombre évanescente de cette exposition dont la présence mal assurée, tout comme la dernière section sur la redécouverte du japonisme au 20e siècle un peu maigrichonne, plombent un peu l’ensemble.
Les oeuvres exposées, parfois pour la première fois hors du Japon, et la scénographie ambitieuse sont un régal pour les amateurs et les curieux. La scénographie, justement conçue par l’atelier Stephan paillet, crée visuellement une identité pertinente pour chaque section. Entre kakemono qui préserve la surprise, l’éclairage tantôt dramatique tantôt mystique, la reproduction de la rotonde guimet et le jardin japonais bordé de cerisiers en fleur, l’on voyage dans le temps et dans l’espace.
Parallèlement à l’exposition, qui s’achèvera le 11 janvier 2016, le MEG met en place une vaste programmation culturelle allant de la gastronomie, la danse traditionnelle, la musique, à un cycle cinématographique, etc.
[expo] Le Bouddhisme de Mme Butterfly au Musée… par SB-Paris
Informations pratiques :
MEG, Boulevard Carl-Vogt 65-67 CH – 1205 Genève
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h.
de 0 à 9 ChF
Visuels : © Sandra BERNARD