Exposition Great Black Music à la Cité de la Musique

Great Black Music, une coproduction Cité de la Musique / Mondomix, invite le public à découvrir les musiques noires dans le monde, leur épopée incroyable à travers les contrées et les siècles. Ce patrimoine musical est ainsi mis à l’honneur du 11 mars au 24 août 2014 à la Cité de la Musique.

La Great Black Music est un style musical développé dans les années 1960 par l’Art Ensemble of Chicago, il mélange tradition musicale africaine et musique avant-gardiste. L’exposition du même nom propose de mettre à l’honneur les différents courants musicaux de la diaspora africaine liés à la vie quotidienne des communautés et nous montre que ces musiques sont aussi techniquement parlant liées. On pense à l’usage de motifs courts mélodico-rythmiques qui donnent envie de danser, aux temps faibles accentués, à l’échange soliste-chœur, ou encore aux « dirty notes » de la musique américaine.

L’exposition prend place sur les deux étages habituels réservés aux expositions temporaires de la Cité. Une vingtaine de totems interactifs habitent la première salle, ils représentent chacun le parcours de plusieurs légendes de la musique noire : Fela Kuti, Bob Marley, James Brown, Miles Davis, Gilberto Gil, Nina Simone, et bien d’autres. À chaque totem, vous pouvez écouter et voir un court documentaire sur la vie de chaque artiste. Vous pouvez y passer du temps, ou bien sélectionner ceux qui vous interpellent. La salle suivante, intitulée Mama Africa, vous amène à découvrir les cultures musicales de plusieurs parties de l’Afrique à travers des archives filmées, pour la plupart inédites. La troisième salle est un lieu d’expérimentation, on y passe peu de temps mais on vit de l’intérieur le pouvoir des esprits et de l’univers vaudou. La dernière salle de l’étage comprend une frise historique relatant tous les événements ayant un lien, parfois explicite ou inconscient, avec les musiques noires, de la construction des Pyramides Égyptiennes, à l’ouragan Katrina en passant par le Black Power et les événements du 11 septembre. Tous ces événements font l’objet de commentaires musicaux.

Au sous-sol, on peut écouter différents morceaux sur le jukebox mis à disposition afin de bien saisir les caractéristiques des différentes musiques africaines. Une exposition photo sur la Nouvelle-Orléans, terre de jazz, décore le couloir d’entrée. Ensuite, on peut découvrir des instruments de ce patrimoine ainsi que des archives de concerts et des témoignages. Enfin, la dernière salle regroupe différentes cabines pour plusieurs styles : hip hop, disco, salsa…

Tout au long de la visite, vous avez la possibilité d’orienter votre parcours grâce à un audioguide interactif qui permet de choisir soi-même de reprendre un documentaire au début. Pour réécouter les morceaux qui vous ont plu tout au long de la séance, il est possible de les « liker »  sur l’audioguide quand vous les écoutez, puis de les retrouver via un lien envoyé à votre adresse e-mail.

Le point fort de l’exposition est sans doute ce fil chronologique liant des événements très anciens avec l’imaginaire musical des musiciens. C’est le cas de la construction des Pyramides qui est omniprésent dans l’afro-futurisme de Sun-Ra, notamment avec le morceau « Twin Stars of Thence » de l’album Lanquidity (1978).

De même pour la révolution haïtienne, première révolte d’esclaves victorieuse, qui est une image forte dans l’inconscient collectif de la diaspora noire et surtout de ses musiciens (on pense au titre « Haïtian Fight Song » de Charles Mingus dans son album The Clown (1957)).

Le mouvement Black Power a de même été accompagné par des créations de nombreux artistes. “Say it Loud” (1968) de James Brown a ainsi été la bande-son de ces années Black Power.

Le parcours est cohérent, très porté sur la sensation auditive et visuelle. Les familles pourront profiter des modules ludiques. Des concerts à thème sont organisés en parallèle à partir du 15 avril ainsi que des rencontres et projections autour des musiques noires.

Visuels : © William Beaucardet