Etoiles: la danse intime de Clairemarie Osta et Nicolas le Riche
Tandis que “Black Swann” laissait un goût amer des coulisses de la danse et que l’actualité de l’Opéra n’est pas des plus apaisées, l’Elephant de Paname consacre une rétrospective très intime à l’un des couples mythiques de l’opéra de Paris: les deux danseurs étoiles Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta. Une exposition très généreusement dotée par le couple qui fait (re)tomber amoureux de la danse classique.
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L’exposition pourrait s’intituler “Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta font leur trunkshow“. Pour l’occasion, le couple a effet doté le site de l’Elephant Paname d’une boîte à trésor géante. Nicolas Le Riche est un prodige de la danse, qu’il commence à 7 ans. En 1988, à seize ans, il intègre le corps de ballet de l’Opéra de Paris où il danse sous la direction de Rudolf Noureev. Il se distingue dans le rôle du prince dans Giselle, qui le suivra une bonne partie de sa carrière. Il est nommé danseur étoile par Patrick Dupond en 1993. En 2014, il prend sa retraite de l’Opéra de Paris à 42 ans. Clairemarie Osta commence la danse à 5 ans à Nice et entre au corps de balais de l’opéra de Paris en 1988, la même année que Nicolas. Elle est promue première danseuse en 1999 et étoile en 2002. En 2012, elle fait ses adieux à l’opéra avec le rôle titre dans L’Histoire de Manon. L’émouvant documentaire “Les Adieux” réalisé à cette occasion, est projeté dans l’exposition. Aujourd’hui, le couple est toujours ensemble, amoureux à la ville comme à la scène, et a créé un cours de danse, le LAAC, au Théâtre des Champs Elysées.
L’exposition regorge de costumes, d’éléments de décors, de photographies, de films et de lettres. Le rez-de-chaussée s’ouvre sur un cortège de costumes de scène comme dans un rêve tandis qu’est projeté au centre un film compilant les meilleurs moments du couple dans leurs grands rôles à l’opéra: Manon, Giselle, le mythique Jeune Homme et la Mort chorégraphié par Mats Ek… L’exposition se poursuit ensuite sur deux étages et dans une déambulation de livrets, de notes personnelles, de lettres d’admirateurs. Pour l’occasion, les scénographes Laurence Pustetto et Anne Charrin ont reconstitué un album photo géant: à gauche Clairemarie, à droite Nicolas. Ces clichés révèlent que le couple s’est formé alors qu’ils étaient tous les deux très jeunes. Des videos personnelles, leurs outils de travail, les montrent en répétition, doutant, se trompant, loupant des pas et des mouvements, ce qui les rend à la fois proches et très humains et rend compte du travail inlassable de répétition auquel même (et surtout) les plus grands doivent se plier. Ici une vitrine dédiée aux chaussons de Clairemarie, qu’elle a précieusement conservés, là un costume et les notes de Nicolas. Des étiquettes petites et émouvantes révèlent la provenance des pièces, comme “authentique lit de décor d’opéra” ou “tutu de répétition“.
Le clou du spectacle, un peu en demie-teinte, est la salle du troisième étage, qui révèle les relations amicales du couple avec des personnalités issues d’autres arts comme Guillaume Gallienne ou Mathieu Chedid. Décidément très en vogue dans les expositions, un casque de réalité virtuelle invite à assister à un cours de danse donné par Nicolas et Clairemarie.
Une exposition qui décomplexe et donne envie d’aller plus souvent à l’Opéra. D’élégantes dames passionnées assurent un accueil chaleureux dans les salles, sont très informées et échangent volontiers avec le visiteur curieux.
Visuels © Araso