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“Baccarat, la légende du cristal” : sublime rétrospective historique au Petit Palais

“Baccarat, la légende du cristal” : sublime rétrospective historique au Petit Palais

14 October 2014 | PAR Géraldine Bretault

La célèbre cristallerie française Baccarat fête cette année son 250e anniversaire. Le Petit Palais accueille les pièces phares de son patrimoine historique et de ses archives, présentées sous l’angle des grandes Expositions universelles parisiennes du XIXe siècle et du début XXe. Une exposition élégantissime, et un éblouissement garanti.

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À ceux qui voient d’un mauvais œil les rencontres qui se multiplient entre les grandes marques du luxe français et les musées, à l’instar de l’exposition Cartier au Grand Palais l’hiver dernier, les commissaires opposent un argument historique imparable : avant d’être une marque, Baccarat est une très ancienne manufacture, créée sur l’autorisation de Louis XV en 1764. Fleuron des arts décoratifs et précieux français, la maison a tôt montré le souci de la préservation de son patrimoine, constitué de documents autant physiques (pièces témoin, moules) que d’archives (dessins techniques et planches iconographiques). De fait, la quasi-totalité des pièces présentées ont été sélectionnées à double titre : pour leur préciosité et leur savoir-faire technique, bien sûr, mais aussi pour leur lien avec des personnalités illustres de l’histoire française et européenne de ces deux derniers siècles. D’autres pièces proviennent de grands musées français comme Orsay, les Arts et métiers, le Louvre.

Véritable écrin pour ces pièces d’exception, la superbe scénographie ménage des sections chronologiques séparées par des résilles métalliques, qui ont le mérite de scinder le parcours avec clarté, d’une exposition universelle à l’autre, tout en aiguillant notre curiosité vers la section suivante grâce à un jeu de transparences. Dans ce Petit Palais construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, le choix de raconter l’histoire de la maison à travers les grandes expositions universelles est particulièrement judicieux : faisant suite à la grande rétrospective précédente sur Paris 1900, cette exposition permet de resituer le contexte historique et la spécificité de chacune de ces manifestations, tout en comprenant leur influence décisive sur le destin d’une des plus grandes manufactures françaises.

L’exposition de 1878, par exemple, sous la IIIe République, est l’occasion d’illustrer les goûts orientaliste, japonisant et éclectique, à travers les superbes pièces créées par la maison Baccarat pour séduire les grands souverains en visite à Paris. Le Temple de Mercure, entièrement en cristal, aujourd’hui conservé dans une propriété aux environs de Barcelone, n’a évidemment pas pu faire le voyage : qu’à cela ne tienne, un dispositif multimédia permet de réaliser l’envergure et le tour de force que représentent ce type de pièce monumentale.

Dans la section consacrée au XXe siècle, une place d’honneur est faite à Georges Chevalier, créateur de grand talent qui sut donner un coup de fouet à la maison en la faisant entrer dans la modernité avec l’Art déco, alors que la maison semblait un peu à court d’inspiration sous la Belle-Epoque. Une fois encore, la formidable capacité d’adaption des créateurs à la mode du moment et l’évolution perpétuelle des techniques ne laissent de surprendre.

Pour finir, une salle spectacle dévolue aux plus grands lustres de la maison offre l’unique aparté concédé à l’époque contemporaine : on y découvre le lustre historique Zénith réinterprété dans le respect de l’histoire de la tradition par un Philippe Starck plutôt inspiré.

Un seul bémol peut-être : si les personnalités historiques à l’origine des commandes derrière ces pièces exceptionnelles nous sont clairement présentées, notamment autour d’une magnifique table composite rendant hommage aux arts de la table, si les cartels sont précis, et traduits en anglais, on peut toutefois regretter qu’une vidéo ou une borne multimédia ne vienne compléter ces informations historiques en abordant l’aspect technique : la diversité est telle, depuis le verre soufflé au verre gravé, en passant par les colorations aux oxydes métalliques, le millefiori, etc., que le visiteur aurait aimé y être initié pour mieux se délecter du savoir-faire de la maison.

 

Visuels : © archives Baccarat

Infos pratiques

Musée national Fernand Léger de Biot
Musée d’Ethnographie de Bordeaux 2
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