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Arts et Préhistoire : des choix intéressants

Arts et Préhistoire : des choix intéressants

17 November 2022 | PAR Julie Viers

Le Musée de l’Homme présente Arts et Préhistoire. Face à ce vaste sujet, les commissaires ont su faire des choix intéressants, traités de manière précise et cohérente. Jusqu’au 22 mai 2023, à deux pas de la Tour Eiffel, venez découvrir des œuvres originales. Il est important de souligner “originales” car c’est assez rare lorsqu’il est question de ces périodes lointaines.

Des œuvres originales dans un écrin unique

La première partie de l’exposition met en avant l’art mobilier, plus précisément daté du paléolithique en Europe. Il sera donc question de représentations de silhouettes humaines, d’animaux et de signes géométriques. On commence évidemment pas la Vénus de Lespugue, qui fête ses 100 ans cette année. Découverte en 1922, elle ouvre ici la thématique humaine, sachant que les représentations de figures humaines sont moins de 5% des œuvres de cette époque. À ses côtés se trouve la Plaquette de la Marche, une magnifique représentation humaine de profil. Il y a différentes Vénus datant du Gravettien (paléolithique supérieur), de forme losange, et du Magdalénien, plus filiformes. Les petites statuettes viennent de toute l’Europe (Pologne, Allemagne, Suisse, Paris…). Placées derrières des vitrines, le spectateur a tout le loisir de les admirer et de les comparer.

Lorsqu’on parle d’art mobilier, il faut aussi mentionner les matériaux. Cette exposition éducative permet au spectateur de voir l’évolution entre le matériau brut et l’œuvre d’art. Quelques objets fonctionnels sont également présentés, des armes, des pointes de sagaie, des propulseurs. 

Immersion au sein de l’art pariétal et rupestre

On traverse un couloir noir et nous voilà immergés au sein de l’art pariétal et de l’art rupestre. Des écrans autour de nous, comme les parois d’une grotte, montrent des images inédites – filmées parfois au drone – de grottes, de falaises du monde entier. On se balade en Chine, en France et en Indonésie. Puis nous nous approchons des éléments représentés à travers la reproduction, à l’échelle 1, d’une paroi de grotte en trois dimensions sur laquelle se dessine au fur et à mesure un animal. Cette technique sera réutilisée à deux reprises au sein de l’exposition pour souligner le fait que le support est partie prenante du geste du créateur.

Des thèmes sont communs à travers le monde préhistorique : les mains négatives, les figures féminines, les animaux, les signes géométriques. Un dialogue incroyable entre les représentations du monde entier (Argentine, Australie, USA, France, Brésil, Algérie, Chine, Danemark…) est établi sur un mur d’écrans.

Une exposition éducative  

Il y a certes une universalité des thèmes mais pas des représentations. À travers des tablettes interactives,  le visiteur se transforme en apprenti archéologue. Des vidéos didactiques permettent également aux spectateurs de découvrir les différents styles de représentation. En fonction des sites les courbes, le trait, la perspective, la tête, les pattes des chevaux varient. Le visiteur déambule dans cette deuxième partie de l’exposition au rythme d’une musique organique créée spécialement pour l’événement. Elle évoque l’imaginaire et permet au spectateur de développer ses propres émotions, sensations, interprétations. À propos de l’interprétation des œuvres d’art préhistorique, une vidéo ludique explique la scène du Puits de Lascaux. L’analyse est compliquée car aujourd’hui l’univers préhistorique nous échappe, alors nous devons nous reposer sur les recherches scientifiques pour comprendre les scènes représentées. 

La Vénus de Lespugue, muse contemporaine

Lorsqu’elle est découverte en août 1922, elle fascine rapidement les artistes de la modernité qui souhaitent s’éloigner des formes traditionnelles de la représentation. La Vénus de Lespugue avait été prêtée en 2019 au Centre Pompidou pour son exposition Préhistoire, une énigme moderne. Pendant ce temps le Musée de l’Homme avait lui aussi organisé Tête à tête entre des œuvres modernes et contemporaines, avec des réflexions historiques et anthropologiques. Cette fois-ci, des œuvres de Jean Arp, Yves Klein, Ossip Zadkine et Brassaï sont présentées. Il y a également des travaux d’artistes plus contemporains comme Louise Bourgeois, Anna Ginsburg, Gabriel Sobin et Muriel Décaillet. Cette partie de l’exposition permet de voir l’œuvre sous différents angles : la femme comme figure maternelle, comme amoureuse ou encore comme mère nature. Ces différentes visions s’accompagnent évidement de critiques faites par les artistes contemporaines telles que Laure Prouvost. 

Une exposition à voir au Musée de l’Homme jusqu’au 23 mai 2022, et qui sera complétée par une salle consacrée à Pablo Picasso pour son anniversaire. Plus d’informations ici 

Visuel : © MNHN – F. Dubos

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Julie Viers

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