1997, année de mode à Galliera
Jusqu’au 16 juillet 2023, le Palais Galliera expose un moment de rupture radicale dans la mode. En 1997, les créateurs et créatrices ont changé les lignes.
De façon chronologique, nous suivons les défilés printemps-été, automne-hiver et de nouveau printemps-été. Les saisons nous font traverser toute l’année 97 et les débuts de 1998, en haute couture et en prêt-à-porter. On entre dans les collections à la fois par des vidéos de défilés et les vêtements eux-mêmes. Un grand panneau à message déroule un super instagrammable “1997-FASHION”.
Ce qui est remarquable, c’est de réaliser à quel point cette année a vu l’essor de celles et ceux qui comptent encore aujourd’hui. 1997, c’est l’année de la première création couture de Jean-Paul Gaultier, et celle où il signe les costumes iconiques du Cinquième élément de Luc Besson. 1997 montre les liens entre la mode et la pop culture et entre la création de niche et les grandes maisons. Martin Margiela collabore par exemple avec Hermès.
Les vêtements sont architecturaux chez Comme des Garçons qui réalise une collection à bosses, elle-même inspirée de costumes que la maison avait dessinés pour Scenario, une pièce de Merce Cunningham interprétée pour la première fois à la Brooklyn Academy of Music à New York en 1997 et reprise en novembre dernier par le Ballet de l’Opéra de Lyon au théâtre du Châtelet, dans le cadre du Festival d’Automne. Les genres sont redéfinis, chez Raf Simons, les garçons sont androgynes au possible.
Thierry Mugler n’a plus rien à prouver et s’amuse à détourner le film Microcosmos avec des lunettes-mouches. Les bustiers sculptés dans le cuir sont à la fois SM et chics, éternels, mais ce n’est plus là que se niche l’avant-garde. Elle est en Belgique, depuis les années 80 déjà, dans des coupes super-sobres et en même temps complètement neuves, avec Olivier Theysken, Ann Demeulemeester…
Il est étonnant de voir l’audace qu’ont eux les “grands” à embrasser la jeunesse. Les collections MacQueen (27 ans) pour Givenchy sont à tomber de beauté et de folie. Elles sont animales, et déambulent à Borough Market le 27 février 1997 sous le nom “It’s a jungle out there”.
L’exposition est brève et efficace, on peut seulement regretter qu’elle n’interroge pas la traduction dans la rue de ces nouvelles esthétiques qui allient exubérance et sobriété dans une totale schizophrénie.
Informations pratiques :
De 10h à 18h, de mardi à dimanche
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
10, Avenue Pierre Ier de Serbie, Paris 16e
Tarifs: De 15€ (tarif plein) à 13€ (tarif réduit), gratuit pour les moins de 18 ans.
Petit + : Découvrez la playlist qui accompagne cette exposition. Editée par Paris Musées, cette playlist a été réalisée sous la direction artistique de Michel Gaubert, illustrateur sonore des plus grands défilés de mode depuis les années 1990. Disponible gratuitement sur Spotify, Deezer et Youtube.
Visuel : Comme des Garçons par Rei Kawakubo, collection « Body Meets Dress, Dress Meets Body », Prêt-à-porter Printemps-été 1997 – Photo Irving Penn / Mannequin Christina Krusse – © Condé Nast / The Irving Penn Foundation