Chemins faisant, la Chapelle Video de Saint- Denis impose sa marque
Chapelle Vidéo est un nouveau programme d’expositions d’art vidéo en Seine-Saint-Denis. La chapelle de l’ancien carmel, située au sein du musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, accueille désormais deux fois par an des œuvres vidéo de la Collection départementale d’art contemporain, une collaboration fructueuse et pérenne entre le Département et la ville de Saint -Denis. Après une première saison centrée sur le temps et la mémoire, cette seconde s’axe sur le territoire. Un pas a été franchi puisque dès 2013, la Chapelle Vidéo sera en partenariat avec le Centre Georges Pompidou.
La diffusion de films et de vidéos dans les lieux publics et semi-publics est en pleine explosion. Il s’agit ici de faire évoluer le regard vers une image en mouvement qui n’est pas publicitaire mais artistique. Dans ce contexte, le Conseil général de Saint-Denis possède tous les atouts pour devenir l’institution référence en matière de politique d’acquisition et d’exposition de l’art vidéo. En effet, depuis 1986, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis constitue une vaste collection à travers le Fonds départemental d’art contemporain. Enrichie d’année en année, cette collection de 1800 œuvres témoigne des recherches, tendances et mouvements, des années 70 à nos jours, toutes disciplines plasticiennes confondues. Des œuvres de Michel Blazy, Michel Aubry, Glen Baxter, Frédéric Bruly Bouabre, Frédérique Loutz, Ernest Pignon-Ernest, Franck Scurti, Xiaogang Zhang, Sarkis, Anne Rochette, François Morellet, Tania Mouraud et bien d’autres ont intégré la collection.
Onze œuvres sont présentées actuellement dans la chapelle. Le lien “Chemins faisant” est la notion de déambulation. C’est naturellement que le curieux est invité à marcher parmi les écrans, uniquement guidé par son envie et nullement pas un sens imposé. La promenade revêt ici un double sens, celle de bucolique, mais aussi celle politique. La route est ce qui permet de connecter les hommes entre eux. Que faire quand les sentiers tracés ne correspondent pas à la réalité humaine. Cette question-là est particulièrement bien traitée par Valérie Jouve qui dans son premier film de cinéma, ici transformé en œuvre vidéo s’est intéressé au complexe de grands magasins marseillais qu’est Grand Littoral. On y voit un homme descendant un escalier et cherchant à traverser la voie rapide qui barre son envie. Rien n’a été prévu. Blasé et habitué, il traverse au milieu de bolides, rejoignant, le chemin de pierre tout à fait aménagé. En un plan, l’artiste dit toute la schizophrénie de cette ville qui a fait de la voiture une reine sans jamais s’intéresser à la circulation des hommes.
Les hommes dans cette exposition, ils sont rares. Parfois même absents comme dans le Sao Paolo vu du ciel de Kristina Solomoukha, où dans la vision de ce téléski désaffecté filmé par Raphaël Zarka où un chien mène par le bout de sa truffe le spectateur. Bluffant aussi de vide est le début du travail de Zhenchen Liu qui plane au-dessus des décombres de la vieille ville de Shanghai.
Ce qui est passionnant c’est de voir à quel point la trace de l’homme en dit long sur son parcours. On adore la superposition de Thomas Leon qui empile deux vidéos. L’une fantasmée d’un métro, l’autre réelle d’un lever du jour sur la Cité Internationale.
Pour comprendre les relations que les gens peuvent avoir avec leur territoire, l’exposition choisit de montrer les endroits où ils vivent, sans forcément leur donner la parole. Le résultat est tout aussi troublant que juste.
Visuel : © Thomas Léon, The Time Machine, 2009 (capture)
