Arts
Boulogne-sur-mer accueille les couleurs du Centre Pompidou Mobile

Boulogne-sur-mer accueille les couleurs du Centre Pompidou Mobile

21 June 2012 | PAR Celeste Bronzetti

À l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle étape du Centre Pompidou Mobile, dans l’esprit du voyage que le projet révèle, toutelaculture a rejoint le musée itinérant à Boulogne-sur-Mer. Une journée sous le signe de la couleur..

Après Chaumont et Cambrai, le Centre Pompidou attire ses visiteurs jusqu’au Nord Pas-de-Calais. Une occasion pour découvrir les richesses d’une région riche en histoire et en art, pour se joindre à l’effervescente hospitalité que les institutions locales ont réservé à l’arrivée du Centre Pompidou Mobile.

Entre Paris et la Gare Maritime de Boulogne-sur-mer : un premier relais au Château Musée

Avant d’arriver au bord de la mer, la ville de Boulogne-sur-mer nous montre son château, un joyau du XIIIè siècle qui abrite la collection des masques d’Alaska la plus importante du monde. Autour de l’exposition permanente, dont cet héritage précieux d’Alaska constitue le noyau et l’orgueil du musée, un parcours qui dialogue avec celui du Centre Pompidou Mobile voit le jour : l’exposition Pigment-Terre, à savoir une exploration de la matière, ses formes et ses couleurs dans l’art contemporain. Première exposition d’art contemporain organisée par le musée, elle se propose de montrer, dans toute sa vitalité, le renouvellement du rapport entre la création contemporaine et la dimension organique des matières naturelles. Une réflexion thématique autour des 4 éléments, habitée par la présence saturée de la couleur dans la création artistique mondiale entre 1950 et 2010.

 

Le Pompidou Mobile : un musée nomade

Dans l’esprit du cirque ambulant ou de la fête foraine, pour la première fois, c’est le musée qui se met voyage à la rencontre de la société. Comme le Président Alain Seban, père de l’initiative, le souligne bien, le Centre Pompidou descend du piédestal que son rôle de Grande Institution artistique à niveau mondial lui a conféré. Si l’objectif culturel est d’ « augmenter la surface de contact entre l’art et la société », le projet ne dissimule pas son grand enjeu politique : ouvrir la création de notre époque au plus grand nombre. L’art pour tous et un accès gratuit à la culture sont les pivots d’un projet qui se pose, dès le début, l’objectif ambitieux d’une rencontre entre l’art et les français qui n’ont jamais visité un musée. Si ces propos ressemblent d’emblée plus à un programme politique qu’à un projet culturel, la mise en forme de l’exposition du Centre Pompidou Mobile nous frappe pour son intelligence et son envergure.

 

La Gare Maritime de Boulogne-sur-mer et le Centre Pompidou Mobile

Le lieu choisi pour la troisième étape du musée Pompidou nomade, est un endroit qui s’impose tout de suite pour son charme et son poids symbolique. L’ancienne Gare Maritime de Boulogne-sur-mer était le centre portuaire de la ville, terrain d’échange d’où partaient les féries en direction de l’Angleterre. La mer est autour, on la sent à travers le vent frais, mais on ne la voit pas pendant qu’on s’approche à la structure colorée montée au fond du quai. Seul le chant suggestif d’une colonie nombreuse de mouettes s’accompagnent au souffle marin, pour nous rappeler la proximité de la Manche.

 

Une architecture lumineuse et légère

Une structure rouge, orange et jaune choque avec le gris uniforme du ciel du nord et du quai de la Gare. Cette première sensation de contraste, prépare l’entrée dans un espace où les couleurs deviendront les vrais acteurs du parcours que le Centre Pompidou Mobile a installé à l’intérieur du Chapiteau. Qu’on la rattache à l’architecture de loisir des cirques ou à l’architecture utopique des Lumières, c’est étonnant de vérifier comment des oeuvres aussi précieuses puissent s’installer si naturellement au coeur d’une Gare Maritime à l’air délaissé. Le choc du rapport à l’oeuvre original qu’on a d’habitude dans tout musée, est ici encore plus fort grâce à un éclairage particulier, longuement étudié : les oeuvres, protégées par une vitre qui les tient à l’abri de l’humidité, sont illuminées d’en bas, à travers un rayon diffus qui ne crée aucun reflet sur la vitre.

Un seul parcours, plusieurs pistes

La sélection des oeuvres raconte une histoire autour de la couleur et elle veut la raconter aux enfants comme aux adultes, aux habitués de l’art contemporain comme aux débutants. La nature sensible du rapport à la couleur rend possible une lecture à différents niveaux : si donner une couleur aux choses représente un geste fondamental, presque ancestral, la couleur a été chargée tout au long de l’histoire de l’homme, de valeurs symboliques et philosophiques. Le Centre Pompidou Mobile descend de son piédestal mais libère aussi l’art du fardeau de l’humanisme qui a imposé pendant longtemps sa médiation intellectuelle et ses hiérarchies au rapport de l’homme à l’oeuvre d’art.
Les étapes du parcours présentent des oeuvres qui dialoguent entre elles : le rouge enflammé de Picabia côtoie la spiritualité du bleu de Picasso et le jaune à l’écho byzantin de Kupka, dans un échange de résonances où les couleurs primaires semblent sortir de la toile pour se mélanger entre eux et en créer des nouveaux.
Si Calder avec ses « Deux vols d’oiseaux » converse avec Mondrian et ses teintes carrées, les couleurs tourbillonnent dans un arc en ciel tout rond tout de suite après, à l’étape suivante du parcours à l’intérieur du Pompidou Mobile. Nous parlons du rapprochement suggestif d’une oeuvre de Sonia Delaunay et l’installation bigarrée d’Eliasson : un hommage au cinéma en couleur qui s’inscrit en forte continuité avec les études de l’artiste russe sur les mélanges optiques de la couleur.

Et encore, l’Estaque de Braque avec ses coupes de pinceau sans dessin, le monochrome orange de Denis soulignent l’essence matériel de la couleur dans l’art contemporain : des symphomies vivantes des suggestions inacarnés dans ces teintes.

 

 

Une peinture mise en scène transforme le musée en art vivant : le Centre Pompidou Mobile réalise pour la troisième étape de son voyage un véritable spectacle de couleurs où les émotions du public peuvent dialoguer avec des chefs d’oeuvre fondateurs de la sensibilité contemporaine.

 

 

Crédit visuels : (c) Centre Pompidou (photo 2, 3, 5) – Celeste Bronzetti (photos 1, 4)

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