Politique culturelle

Retour sur la polémique Jeff Koons

30 January 2018 | PAR Ines Guillemot

En réaction aux attentats de Paris, l’artiste nord-américain a fait don de l’oeuvre « Bouquet of tulips » à la ville de Paris. La sculpture censée commémorer le drame du 13 novembre fait polémique depuis la semaine dernière et l’annonce de son installation

La sculpture de Jeff Koons devrait être installée ces jours-ci, entre le musée d’Art moderne de la ville de Paris et le palais de Tokyo. Une décision portée par Anne Hidalgo, et qui est loin de plaire à la majorité. Le 22 janvier, 23 personnalités du monde de la culture signaient une tribune dans Libération, s’insurgeant contre une initiative « chocante et malvenue ». Parmi eux, l’ancien Ministre de la Culture Frédéric Mitterand, le collectionneur Antoine de Galbert et le cinéaste Olivier Assayas. Devant l’ampleur de la polémique, la Ministre de la Culture est intervenue. Mesurant la complexité du dossier, elle réclame des études sérieuses sur l’installation, et une rencontre avec l’artiste.

Le principal problème posé par l’oeuvre tient en effet à son emplacement. C’est ce que souligne la Ministre, qui a demandé à la Mairie des études sérieuses sur les aspects technique, juridique, et économique de l’installation. L’oeuvre de 33 tonnes doit en effet être installée sur un parvis du Palais de Tokyo, au-dessus des salles d’exposition. Le bâtiment pourrait être incapable supporter une telle charge : construit sur pilotis, il est installé sur une ancienne carrière depuis l’Exposition internationale de 1937. Le coût de l’installation quant à lui, est estimé à 3,5 millions d’euros, et devrait être assumé par le mécénat privé.

Autres critiques portées par la tribune « Non au cadeau de Jeff Koons » : l’oeuvre, comme l’emplacement, n’auraient aucun rapport avec les évènements auxquels le plasticien souhaite rendre hommage. Ils apparaîtraient « surprenants, sinon opportunistes, voire cyniques ». La structure pourrait également « bouleverser l’harmonie actuelle entre les colonnades du Musée d’art moderne de la ville de Paris et le Palais de Tokyo, et la perspective sur la Tour Eiffel ». L’artiste refuse pourtant d’envisager un autre emplacement.

Son choix serait le fruit d’une longue réflexion, à la recherche d’un lieu symbolique: « la place intègre une double dimension municipale et nationale puisqu’elle marque à la fois l’entrée du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et celle du Palais de Tokyo », « surtout, la place de Tokyo est au coeur d’une colline franco-américaine chargée de symboles de générosité », affirmait son ex-galeriste Noirmontartproduction.

Décidément, l’artiste jugé « kitch » et « mainstream » par un certain nombre de personnalités, n’en finit pas de faire parler de lui. Et si c’était ça son secret ? Pour ses détracteurs, Jeff Koons serait devenu l’emblème d’un « art industriel spectaculaire et spéculatif ». Et le lieu choisi relèverait plus de la publicité que d’une symbolique assumée. Françoise Nyssen, qui rencontre l’artiste demain, devra bientôt statuer sur la faisabilité de l’installation — sans toutefois heurter Jane Hartley, ancienne ambassadrice des États-Unis à l’origine de cette initiative.

Visuel: ©Jean-Pierre Dalbéra

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