La tête d’Henri IV déchaîne toujours les passions
Le feuilleton historico-scientifique au sujet de la tête d’Henri IV et de son identification continue…
A peine quelques jours après l’annonce, par l’équipe franco-espagnole du docteur Charlier, de l’identification de la tête d’Henri IV grâce à des tests ADN, l’historien Philippe Delorme remonte au créneau.
Pour Philippe Delorme, auteur entre autres de l’ouvrage Henri IV, les réalités d’un mythe, l’identification, par l’ADN, du chromosome Y n’est pas judicieuse. Le chromosome, transmis de père en fils, est en effet porteur de plusieurs gènes variables ; aussi “plusieurs personnes dans la population générale peuvent avoir le même chromosome Y sans pour cela être apparentées”, souligne-t-il notamment dans son communiqué cosigné avec Olivier Pascal, expert en empreintes génétiques auprès des tribunaux. D’autre part, l’ADN de la tête momifiée est dans un état de dégradation avancée due à une contamination au plomb, métal souvent employé pour les sarcophages royaux de l’époque. L’étude du chef royal n’a donc mis en évidence que sept allèles (variantes d’un gène), dont deux différents avec le sang attribué au descendant de Henri IV, indique M. Delorme. Il y a donc bien concordance, même si elle n’est pas parfaite. Cependant, Olivier Pascal rappelle dans le communiqué que “Dans notre pratique quotidienne pour les affaires criminelles, ces deux différences sont suffisantes pour exclure un lien de parenté par la lignée paternelle” et que cette identification ne prouve pas que ces reliques soient bien issues de la dépouille des monarques puisque ni l’une, ni l’autre n’ont une identité attestée.
Enfin, Philippe Delorme réaffirme ses arguments en défaveur de l’identification. Par exemple, le crâne ne comporte pas de trace de trépanation, pratique alors en usage chez les embaumeurs français qui s’occupaient des défunts de la famille royale. Trépanation qui, toujours selon Philippe Delorme, est attestée par des témoins des pillages révolutionnaires de 1793. La tête momifiée a été, pour sa part, embaumée à la mode italienne, sans marque d’ouverture d’aucune sorte. Sachant que Marie de Médicis, épouse d’Henri IV était italienne, la question de l’embaumement pratiqué reste ouverte. L’absence d’ouverture du crâne se remarque également sur les corps d’autres personnalités de premier plan du royaume, dont Agnès Sorel et Henriette d’Angleterre.
Pour ce qui est de la validité de l’identification formelle de ce crâne comme étant celui du Vert-Galant, la bataille de spécialistes fait rage. Chacun peu se faire sa propre idée au vu des arguments des deux partis.
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