Politique culturelle
La disgrâce de Jean-Jacques Aillagon, écarté de la cour de Versailles

La disgrâce de Jean-Jacques Aillagon, écarté de la cour de Versailles

05 September 2011 | PAR Amelie De Chaisemartin

Président du domaine de Versailles depuis 2007, Jean-Jacques Aillagon, ayant atteint l’âge de 65 ans, va devoir partir à la retraite le 30 septembre, alors qu’il espérait pouvoir poursuivre les chantiers de restauration du château qu’il avait entrepris. Il sera remplacé par Catherine Pégard, ancienne rédactrice en chef du point et actuelle conseillère politique de Nicolas Sarkozy.

Alors qu’il se félicitait du succès de l’exposition “Le dix-huitième siècle au goût du jour”, qui a débuté début juillet, et qui invite créateurs et grands couturiers à Versailles, le directeur du château a accueilli la nouvelle de son départ avec tristesse. Il aurait aimé obtenir une dérogation à la règle du départ à la retraite à 65 ans pour voir aboutir les chantiers entrepris. Cette dérogation est en effet souvent accordée aux fonctionnaires pour leur permettre de finir leur mandat.

Ancien ministre de la culture et de la communication sous le gouvernement de M. Raffarin, Jean-Jacques Aillagon connaît bien les rouages de la politique culturelle française, et déplore que le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, n’ait pas eu davantage son mot à dire sur ce départ précoce. Dans une interview pour le journal Le Monde, il déclare: “Aujourd’hui, avec l’organisation pyramidale de l’État, beaucoup trop de choses accessoires remontent à la présidence de la République, laquelle doit rester l’arbitre de l’essentiel, pas des affaires quotidiennes. Elle doit redonner aux ministres une beaucoup plus grande responsabilité, une marge de manœuvre.” Il réitère cette critique dans une interview donnée au Figaro et ajoute: “Je suis persuadé que l’intérêt général devrait impliquer que les responsables d’établissements culturels bénéficient de mandats suffisamment longs pour qu’ils soient en mesure de déployer une action cohérente et efficace.”

Lors de sa présidence du château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon a tenté de bâtir des ponts entre le passé et le présent, en invitant des artistes contemporains à venir exposer leurs œuvres dans l’enceinte du château, ce qui a pu, parfois, susciter des polémiques. L’exposition “le 18ème siècle au goût du jour” illustre bien ce désir de lier le 18ème siècle aux créations contemporaines. Cette exposition manifeste aussi son désir de toucher le grand public, en tirant profit de son intérêt pour le “glamour” du 18ème siècle, remis à la mode par le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Les événements organisés au château vantent ainsi le faste de Versailles (les grandes eaux, les spectacles, la mode), tandis que la vie politique et intellectuelle des XVIIème et XVIIIème siècles y est beaucoup moins vivante.

On peut s’étonner du choix de Catherine Pégard comme successeur de M. Aillagon. Catherine Pégard n’a en effet aucune expérience de gestion d’un organisme  culturel. Mais à la cour, on ne discute pas de la faveur du roi.

 

 

 

 

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Amelie De Chaisemartin

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