Politique culturelle
La tapisserie d’Aubusson fête ses 10 ans de reconnaissance par l’UNESCO

La tapisserie d’Aubusson fête ses 10 ans de reconnaissance par l’UNESCO

23 June 2019 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Emmanuel Gérard est le directeur de la Cité internationale de la tapisserie, il nous parle d’un bel anniversaire :  les 10 ans de de l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO.

 

 

Vous fêtez les 10 ans de reconnaissance d’Aubusson par l’UNESCO, que vous apporte cette inscription ?

Cette inscription apporte une véritable légitimité internationale, en direction à la fois des institutions et des mécènes et induit une coopération intéressante avec France PCI, qui connecte l’ensemble des éléments français inscrits au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Localement, ce fut quelque chose de très fédérateur parmi les acteurs de la filière de la tapisserie d’Aubusson, qui a la particularité d’être uniquement composée d’acteurs privés – et ce depuis toujours, même après l’autorisation, accordée par Colbert en 1665 à chaque atelier privé répondant aux critères fixés par l’administration royale, d’inscrire « Manufacture Royale de tapisseries » sur le frontispice de sa porte. La transmission des savoir-faire a été prépondérante dans cette reconnaissance par l’UNESCO. Fin 2009, le projet de la Cité internationale de la tapisserie et son projet scientifique et culturel ont ainsi remis au centre la question de la transmission et de la sauvegarde des savoir-faire du tissage de basse-lisse que l’on pratique à Aubusson, notamment grâce à la mise en place d’une formation, aujourd’hui Brevet des Métier d’art, à une époque où la filière ne comptait plus que 3 ateliers de tissage. Aujourd’hui, la filière compte près de 180 emplois.

Quels sont les métiers qui entrent dans le “Patrimoine culturel immatériel” ?

Tous les métiers qui entrent en jeu dans le processus de fabrication d’une tapisserie sont concernés par l’inscription à l’UNESCO. Ces quelques 180 emplois représentent l’ensemble de la chaîne, des filatures aux ateliers de tissage, en passant par les teinturiers. 

Comment l’Unesco voit la création contemporaine ?

Le PCI, c’est un flux qui évolue sans cesse, un patrimoine vivant : les expérimentations, les échanges entre professionnels, aboutissent à faire évoluer les savoir-faire. La création contemporaine est par définition une démarche qui invite à repousser les limites du savoir-faire – « repousser ses limites », est une notion qui revient souvent dans la bouche des ateliers qui se sont vus confier des tissages contemporains destinés aux collections de la Cité de la tapisserie. La Cité contribue au développement du savoir-faire en préparant et en accompagnant la relation artiste / lissier par des systèmes de mini-résidences. 

Que va-t-il se passer pour cette fête ?

À l’occasion des Journées européennes du Patrimoine 2019, dix ans tout juste après l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au PCI, la Cité de la tapisserie accueillera ses visiteurs pour deux grandes journées de découverte des savoir-faire bien vivants d’Aubusson, avec des démonstrations, des conférences, qui mettront la question de l’interprétation tissée au centre. En effet, c’est la notion de tapisserie d’interprétation, le travail à quatre mains entre l’artiste créateur du modèle et le lissier interprète textile, artisan d’art détenteur du savoir-faire, qui fut prépondérante dans l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel. Le public aura ainsi accès à toutes les interactions de la chaîne de fabrication, entre les différents métiers, entre les artistes et les différents savoir-faire, …

Est-ce que la Cité Internationale est en quête d’autres labels ?

La reconnaissance UNESCO a créé un élan sur le territoire, avec des initiatives ateliers avec le développement des Entreprises du Patrimoine Vivant, des initiatives publiques autour des Pays d’Art et d’Histoire, un travail en commun des acteurs de l’art contemporain autour de l’espace du Plateau de Millevaches, et bien sûr avec les deux Indications Géographiques « Tapis et Tapisserie d’Aubusson » déjà mises en place, qui sont un beau prolongement de l’inscription de la tapisserie d’Aubusson au PCI. La préoccupation est à présent de bien articuler l’élan que la création contemporaine et le projet « Aubusson tisse Tolkien », notamment, ont donné au renouveau de la tapisserie d’Aubusson, avec ces IG qui sont plutôt des éléments de rassurance pour le potentiel acheteur.

La Cité internationale de la tapisserie, BP 89 – Rue des Arts, 23200 AUBUSSON. Infos et réservations

Visuel : DR-Autorisation d’utilisation par le service de presse de la Cité internationale de la tapisserie

L’archéologue moderne pour Dior Homme de Kim Jones
La Cité internationale de la tapisserie tisse Tolkien
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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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