Politique culturelle
Irina Brook : « La chose la plus importante, c’est d’inviter des artistes comme à la maison »

Irina Brook : « La chose la plus importante, c’est d’inviter des artistes comme à la maison »

06 January 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Irina Brook est la fille de, mais pas que. Celle qui est comédienne et metteuse en scène a été nommée le Le 4 octobre 2013 à la direction du Centre Dramatique National Nice — Côte d’Azur, en succession de Daniel Benoin. Elle présente à partir du 9 janvier sa création Shakespeare’s Sister ou La Vie matérielle. Rencontre.

Vous avez été nommée en octobre 2013, à  quoi vous attendiez vous en arrivant à Nice? Que faisiez vous avant ?

Avant ? ( rires) j’étais tranquillement chez moi avant, je vivais une vie d’artiste. J’étais une metteuse en scène libre de faire ce que je voulais quand je voulais. je me félicitais d’être à la fois mère de famille et metteur en scène, et cela marchait très bien. J’avais du temps pour équilibrer les deux et je plaignais ceux qui devaient courir entre le boulot et la nounou. Et voilà que je suis devenue l’une d’entre eux ! Plus sérieusement je crois au hasard et au destin. je suis allée au Ministère de la Culture pour demander de l’argent pour construire un sorte de “Globe”, un nouveau lieu pour le théâtre en banlieue. Cela m’a été refusée. A la place, on m’a proposé Nice. Ça a été d’abord un choc, mais très vite, ma réaction négative initiale s’est transformée. La chose à laquelle j’ai toujours accordé du temps c’est la liberté, intérieure et extérieure. J’étais saisie par l’idée que ce poste puisse l’entraver. Après de longues discussions avec mes proches, j’ai saisi qu’il s’agissait de l’inverse.

Avez vous rencontré des difficultés ?

J’étais préparée, car j’ai souvent joué à Nice. Cela n’était pas un choix innocent. Je n’aurai pas accepté ce poste dans une ville qui m’aurait été inconnue. J’ai rencontré un public différent de l’a-priori qui le stigmatise. J’ai beaucoup voyagé et je trouve que ce public est le meilleur. Contrairement à ce que l’on peut entendre, c’est un public d’une grande ouverture. Mon travail c’est l’art et le public. C’est pour le public que je fais du théâtre.

Votre programmation semble transversale, il y a une distance entre Hôtel Europe et Italie-Brésil. Quelle est la volonté de ce choix ?

On ne travaille pas comme dans une grande salle. Ce n’est pas le “large” qui m’intéresse, c’est quelque chose qui garde un esprit ouvert et un public qui peut voir une grande palette de spectacles. Cette première année est celle où l’on teste. Je découvre moi-même des choses. Choisir est bien sûr un travail d’équipe et il serait faux de voir l’année 1 comme archétypale.

Quelle est votre programmation rêvée ?

Je ne crois pas qu’on puisse pleinement personnaliser. J’y vais petit à petit. La chose la plus importante, c’est d’inviter des artistes comme à la maison. Ce que je désire c’est que l’on ait envie de passer aussi de l’autre côté du décor. Pour cela, je travaille avec une équipe au grand coeur et je ne me ferme à rien. Je ne suis pas opposée à de la Stand Up même si ce n’est pas mon esthétique première. Il faut trouver un équilibre mais il y a des choses que je veux pousser. Par exemple, je veux faire entendre Shakespeare.

Vous avez ouvert sur un Ibsen en anglais, voulez-vous augmenter la part des spectacles en langue étrangère ?  L’année débutera le 9 janvier par votre création de  Shakespeare’s Sister ou La Vie matérielle d’après La Vie matérielle de Marguerite Duras et Une Chambre à soi de Virginia Woolf.

J’ai grandi dans un monde où il n y avait pas de barrière. Le monde naturel est multilingue. L’accent normal est un gros accent. La normalité est d’être homogène avec un tout. D’un côté c’est merveilleux que la France garde son charme français.  Mais, chevauchant les deux contrées, je suis anglaise, je pense qu’être bilingue c’est utile. A Nice on entend tellement de langues, que cela est légitime. Je souhaite déborder de l’anglais. On va faire la Nuit des Rois en hindi par exemple. Pour le dire simplement, je trouve que tout ce qui enrichit est important, c’est la diversité qui me passionne. Il faut savoir goûter à des choses qui nous surprennent.

Visuel : ©Tamara Triffez

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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