Politique culturelle
Fin de la gratuité le premier dimanche du mois au Louvre : “40% des visiteurs rentrent au Louvre gratuitement”

Fin de la gratuité le premier dimanche du mois au Louvre : “40% des visiteurs rentrent au Louvre gratuitement”

04 April 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Ce dimanche sera le 1er du mois non gratuit au Musée du Louvre, l’occasion pour nous d’en savoir plus sur le statut de la gratuité dans les musées à Paris.

Répondre à une hyper fréquentation

Le 3 février dernier le musée du Louvre a annoncé la fin de la gratuité du premier dimanche du mois en haute saison. La nouvelle s’est accompagnée d’un vent d’incompréhension. Pourquoi avoir pris cette décision ?
Joint par téléphone, le Louvre a une argumentation nette et claire : cela répond à “des phénomènes d’hyper-fréquentation négatifs”. La gratuité du musée du Louvre le premier dimanche de chaque mois répondait initialement à un “objectif de démocratisation culturelle en faveur des visiteurs nationaux et à la nécessité de favoriser l’accès au musée des publics les plus éloignés des pratiques culturelles.”

Et cela depuis longtemps. A sa création sous la Révolution française, en 1793, le musée du Louvre est gratuit pour tous, cela  jusqu’en 1922. Depuis cette date, les jours et les temps de gratuité fluctuent, le jeudi après-midi, tous les dimanches, puis le premier dimanche du mois en 1996.

Et cet objectif s’est trouvé malmené par un nombre accru de visiteurs, “on est passé de 5 millions en 2001 à 9,3 millions en 2013, ce qui a provoqué des surcharges, notamment le 1er dimanche du mois, présenté par les tours operator comme une aubaine”. Rappelons que 72% des visiteurs sont étrangers. Interrogée par nos soins, une gardienne travaillant le dimanche n’hésite par à parler “d’enfer” pour ces jours là.
Afin de garantir la sécurité des personnes et des œuvres et les conditions de travail des agents du musée, en haute saison, le premier dimanche du mois sera désormais payant.

Un musée largement gratuit à l’année

La gratuité du premier dimanche du mois est conservée pour la période allant d’octobre à mars. Le musée rajoute :”pour compenser cette suppression, le musée travaille actuellement à la mise en place de mesures pour renforcer et diversifier ses offres culturelles durant la période allant d’avril à septembre, notamment en direction des publics de proximité et du champ social. Ces mesures s’inscrivent dans la politique globale menée par le musée du Louvre en matière de démocratisation culturelle (40% des visiteurs rentrent au Louvre gratuitement) au cœur de ses missions. Le musée du Louvre est aujourd’hui gratuit pour les moins de 26 ans résidents UE, les scolaires, les journalistes, les demandeurs d’emploi et bénéficiaires des minima sociaux, les visiteurs handicapés et leurs accompagnateurs… Le musée Delacroix demeure gratuit les premiers dimanches de chaque mois.”

Quel est l’apport de la gratuité dans les musées ?

De façon plus générale, il convient de s’intéresser à la question de la gratuité dans son ensemble. Joint par téléphone, Paris Musée, qui est un établissement public administratif fondé en 2012 qui rassemble les 14 musées de la ville de Paris, nous raconte avoir mis en place depuis 2001 le programme de Bertrand Delanoë :”La volonté gratuité est une décision municipale”, et cela a permis de faire évoluer les chiffres de fréquentation à la hausse, les visiteurs sont passés de 400,000 à 1,4 million”. Et le public a changé grâce à la gratuité : 42% sont issus des catégories sociales des tranches inférieures et moyennes. Pour le Centre des Monuments Nationaux, également joint par téléphone, “représente l’Etat”, ils disent : “on a une obligation de service public d’ouvrir au plus large public, c’est dans ce cadre de la gratuité que certains jours sont gratuits et la gratuité permet une plus grande exposition”.

Au niveau national, il y a une règle d’or qui va dans ce sens d’une plus grande démocratisation : les – de 26 ans ne paient pas (dans l’Union Européenne). On en peut donc pas parler de péril ni d’affront. Tout comme le Château de Versailles, le Louvre semble avoir pris une décision de sécurité. Mais l’acte est symbolique, jamais quelqu’un qui  rentre dans aucune des cases ne pourra plus accéder au musée gratuitement, cela intervient dans une évolution finalement implacable. De la gratuité totale en 1793, on passe à l’absolu payant en temps de crise.

Visuel : ©ABN

[Interview] Jean-Baptiste Phou adapte le roman culte « L’Anarchiste »
[Chronique] “Casseurs de solitudes” d’Hélène Vignal
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration