Politique culturelle
“Charlie Hebdo”, première “entreprise solidaire de presse”

“Charlie Hebdo”, première “entreprise solidaire de presse”

22 July 2015 | PAR Elodie Schwartz

Le journal encore meurtri par les attentats de janvier va devenir le premier à adopter le statut “d’entreprise solidaire de presse” a annoncé son directeur de publication, Riss. L’objectif : savoir où vont les millions…

Charlie Hebdo reprend forme petit à petit. Après les attentats du 7 janvier 2015 qui ont marqué les esprits, et ce afin d’apaiser les tensions, le journal satirique a décidé d’adopter le statut “d’entreprise solidaire de presse”. Une grande première pour un titre, annoncée vendredi 17 juillet par le directeur de publication, Riss. Créé par la loi du 17 avril 2015, ce statut “obligera le journal à réinvestir 70% de ses bénéfices annuels dans son activité. Les 30% étant bloqués par les actionnaires qui ont décidé de ne verser aucune dividende”, rapporte L’Express. Ainsi, l’adoption de ce statut devrait “rassurer certains collaborateurs sur l’utilisation des fonds et des dividendes”, précise Riss à l’AFP.

Actuellement détenu à 70% par Riss et à 30% par le directeur financier Eric Portheault, Charlie Hebdo devrait également garantir son indépendance grâce à ce statut “d’entreprise solidaire de presse”. En effet, “seuls les collaborateurs de Charlie Hebdo pourront y détenir des actions. Néanmoins, Riss estimerait le nombre d’actionnaires à seulement cinq ou six personnes et non la totalité des salariés”, explique Le Monde. “Etre rédacteur est une chose, être actionnaire en est une autre”, affirme le directeur. Une décision qui s’oppose toutefois à la volonté de certains salariés qui réclament une nouvelle répartition de l’actionnariat ainsi que des garanties sur l’utilisation des millions d’euros recueillis par le journal en aides, dons et abonnements.

Consolider le journal

“Avec 100.000 exemplaires vendus et 210.000 abonnés, le journal vend suffisamment pour avoir une trésorerie positive”, se serait réjoui Riss. Un exploit sachant que Charlie Hebdo était financièrement juste avant la tuerie de ce début d’année. Fort de renouveau, l’hebdomadaire désire donc à présent prendre un nouveau départ. “Le vrai enjeu est de consolider le journal, de trouver de nouveaux dessinateurs avec l’esprit Charlie Hebdo et un ton original, pour recréer un travail collectif, une bande, une ambiance”. D’autant qu’un déménagement est prévu à la rentrée prochaine et que Luz, dessinateur emblématique, quitte Charlie Hebdo.

Ne pas l’abandonner et le protéger

Parmi les 70% de bénéfices à réinvestir, il faudra aussi compter “de nouveaux coûts de sécurité”, affirme L’Obs. Protéger le journal, symbole de la liberté d’expression dans le monde entier depuis la marche du 11 janvier est devenu une priorité mais aussi un fardeau pour Riss, directeur de la publication chez Charlie Hebdo. “Quand nous vendions moins, nous étions plus tranquilles. Maintenant tout le monde nous regarde, tant de gens attendent de nous un rôle, et tout peut toujours se reproduire. Mais nous ne pouvons pas abandonner ce journal. S’il s’arrêtait, ce serait une catastrophe pour la démocratie” conclu-t-il.

Visuel : © Logo officiel du site Charlie Hebdo

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Elodie Schwartz

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