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Polémique autour des droits d’auteur du Journal d’Anne Frank

Polémique autour des droits d’auteur du Journal d’Anne Frank

31 December 2015 | PAR Clémence Charrier

Tout le monde a déjà lu le célèbre Journal d’Anne Frank, récit d’une jeune fille déportée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Si jusqu’à présent, ce témoignage poignant et essentiel n’était pas libre de droit, il pourrait l’être à partir du 1er janvier 2016. On a bien dit “pourrait”…

Si l’on suit la logique des choses, l’oeuvre d’Anne Frank devrait tomber das le domaine public au 1er janvier 2016. En effet, un livre devient libre de droit 70 ans après la mort de son auteur, dès le 1er de l’année qui suit. Anne Frank étant décédée en mars 1945, le début de l’année 2016 devrait être la date à laquelle son journal perd ses droits d’auteur. Mais plusieurs autres paramètres rentrent en compte, et rendent la décision bien plus complexe. Son père, Otto Frank, avait en effet effectué des modifications au journal en enlevant des passages jugés trop intimes, ce qui lui donnerait le statut de co-auteur. Il en va de même pour Mme Mirjam Pressler qui a effectué d’importantes modifications sur l’ouvrage. Or, lorsqu’un ouvrage est réalisé à plusieurs, la loi veut qu’il perde ses droits à la mort du dernier auteur. Otto Frank étant décédé en 1980, et Mme Mirjam Pressler vivant actuellement en Allemagne, cela repousserait la date de passage dans le domaine public à un futur très lointain.

Mais certains universitaires s’insurgent de cette volonté de conserver les droits du Journal d’Anne Frank, ne facilitant pas l’accès à cette oeuvre majeure. Le chercheur Olivier Ertzscheid a, sur son blog, rendu public le texte de l’adolescente, accompagnant cet acte d’un billet au cours duquel il explique les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi. Extrait : “Très chère Anne, ton journal, comme toute autre oeuvre littéraire devait lui aussi s’élever dans le domaine public l’année prochaine, en 2016, soixante-dix ans après la mort de son auteur, soixante-dix ans après ta mort. L’entrée d’une oeuvre dans le domaine public est toujours, toujours, une chance. Parce qu’à compter de ce jour il ne s’agit plus simplement d’une oeuvre mais d’une part de notre mémoire et de notre histoire collective. Mais je te parle de mémoire, à toi, très chère Anne, voilà qui doit te faire sourire. Qui mieux que toi sait à quel point la mémoire est importante. A quel point elle est un devoir. Ce devoir de mémoire. Qui mieux que toi y a contribué, au sacrifice de sa vie. […] Qui sont-ils Anne pour s’opposer ainsi à l’entrée de ton journal dans le domaine public ? Le fait que tu sois morte depuis 70 ans ne leur suffit donc pas à ces éditeurs et à ces gestionnaires de droits ? De quels “droits d’auteur” veulent-ils maintenir la rente après avoir déjà vendu plus de 30 millions d’exemplaires de ton journal ? A qui bénéficient ces droits ? Aux enfants que tu n’as pas eu ?” Un plaidoyer qui, on doit l’avouer, avance des arguments plus que pertinents. Affaire à suivre… au 1er janvier 2016.

VISUELS : © creative commons

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Clémence Charrier

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