Moviment, le Centre Pompidou de demain
Ce 10 mai 2023 à midi était présenté officiellement à la presse le “projet culturel” qui a pour titre le Centre Pompidou, un moviment pour demain.
Monument en mouvement
En premier lieu, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak a rappelé les propos suivants du président Georges Pompidou, dont l’établissement public éternise le nom : “Je voudrais passionnément que Paris possède un centre culturel comme on a cherché à en créer aux États-Unis, avec un succès jusqu’ici inégal, qui soit à la fois un musée, un centre de création où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audiovisuelle, etc. Le Musée ne peut être que d’art moderne puisque nous avons le Louvre. La création serait évidemment moderne et évoluerait sans cesse. La bibliothèque attirerait des milliers de lecteurs qui, du même coup, seraient mis en contact avec les arts.”
Le président du Centre Pompidou, Laurent Le Bon, s’est référé à Francis Ponge qui avait inventé ce néologisme de moviment pour caractériser le bâtiment longtemps appelé Beaubourg, en contractant les notions et, quasiment, les assonances de monument et de mouvement. Enfin, ont été précisées les échéances des fermetures-ouvertures, pour ne pas dire les fermouvertures, et détaillés les travaux à venir et les espaces libérés pour l’occasion, dans les abîmes comme dans les faîtes de l’édifice.
Gagner de l’espace perdu
Le succès public du Centre Pompidou ayant bon dos, personne ne s’étonne plus qu’il faille tous les vingt ans le restaurer. En l’occurrence, aussi pour des travaux de désamiantage des façades, de mise aux normes en matière de sécurité tout court (la question de nombre de suicides par défenestration n’a pas été évoquée) et de sécurité incendie (par superstition, celui de Notre-Dame n’a pas été rappelé). Sans parler de modifications architecturales qui ont été en partie révélées à cette occasion pour tirer profit notamment de l’espace jugé inutile des parkings souterrains. Cette opération est estimée à 262 millions d’euros. Le Centre fermera totalement ses portes fin 2025, après un sursis pour que les visiteurs attirés par les J.O. puissent aussi en profiter. Il rouvrira en 2030.
Une des bonnes nouvelles est que la B.P.I. (la bibliothèque publique d’information) ne déménagera pas – les usagers et le personnel ayant fait part de leur inquiétude à ce sujet. Le précieux fonds d’archives de ladite bibliothèque Kandinsky fera partie de la nouvelle B.P.I. L’Ircam n’est pas non plus mis en cause. En attendant 2030, le Centre multipliera ses actions “hors les murs”, contribuera à la création d’une succursale, dite “pôle francilien de conservation et de création” à Massy dont l’ouverture est prévue pour 2026, à un partage d’espace-temps du Grand Palais, géré par la RMN (Réunion des musées nationaux) qui, le hasard faisant bien les choses, doit ouvrir à la fermeture du Centre Pompidou.
