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Rue89 : la sortie de crise

Rue89 : la sortie de crise

12 December 2013 | PAR Camille Pettineo

Après deux journées de mobilisation, la rédaction du site d’information Rue89 n’est plus en grève. Le mouvement symbolisait la crainte d’être cannibalisé par le groupe Nouvel Observateur qui a racheté le site il y a deux ans.

Les journalistes de Rue89 s’étaient mis en grève le lundi 9 décembre, estimant que leur intégration au NouvelObs.com allait détruire « l’identité » de leur site. Le jour même dans un entretien au Figaro, le propriétaire du Nouvel Observateur, Claude Perdriel, déclarait au sujet du site : « Je ne regrette pas de l’avoir racheté mais, financièrement, il est évident que je n’ai pas fait une bonne affaire ! ». L’industriel préparerait même sa succession malgré ce climat d’extrême complexité, comme nous le montre la vidéo ci-dessous.

Il est vrai que le groupe Le Nouvel Observateur et Rue 89 rencontre des difficultés comme ont pu le confier des journalistes du site au Monde.fr. On sait également grâce au site des Echos.fr, que le groupe a dû se résoudre à tailler dans ses effectifs à hauteur de 8 %. Il renégocierait également plusieurs contrats, notamment celui sur l’impression. Toujours selon les Echos.fr, l’an passé, le groupe avait accusé une perte nette de 4,8 millions d’euros pour un chiffre d’affaires stable de 96,9 millions d’euros. Cependant, 2013 devrait battre des records puisque l’on prévoit une perte nette de 7 à 8 millions d’euros. Ces chiffres seraient en partie due aux investissements réalisés sur Internet comme le rachat de Rue89. Cependant, au delà de la compréhension de ces difficultés, demeure l’exaspération et la peur.

En effet, dans la nuit du 5 au 6 décembre le logo Rue89 est devenu plus petit et l’URL s’est transformé en : http://rue89.nouvelobs.com. Ces changements symboliques ont ainsi réveillés des angoisses profondes. Et ce, bien que les dirigeants du site aient expliqués que ces transformations leur ont «  été imposé à la suite d’une modification des règles de mesure d’audience par l’institut Médiamétrie, auquel les annonceurs publicitaires font confiance ». Pour vendre plus de puissance à ces derniers, et donc rentrer dans leurs frais, l’audience de Rue89 a du s’ajouter à celle du Nouvel Obs.

L’autre point de cristallisation de cette crise médiatique est la crainte de devenir un sous-média. En effet, les rédacteurs du site estiment qu’à terme le site risque de devenir une rubrique de Nouvelobs.com, un simple « apporteur de contenus ». Or, la situation est d’autant plus regrettable que Rue89 est l’un des seuls Pureplayer français. Il avait vu le jour au moment de l’élection de l’ex-Président Sarkozy et s’était depuis construit une communauté de lecteurs puissante. Selon le Monde.fr, à travers leur mobilisation les journalistes visaient à dénoncer « la stratégie Web du groupe (qui) devrait miser sur les réussites de Rue89 et non écraser, dans une logique de court terme, ce que l’équipe a construit pendant sept ans ». Stratégie qui dénote avec les déclarations de Claude Perdriel datant du déc. 2011 :

Oui mais voilà, seulement 48h après le début de la mobilisation il semble que l’on aille vers une sortie de crise. Toujours selon LeMonde.fr, mardi, les représentants des journalistes auraient à nouveau rencontré Claude Perdriel, ainsi que Nathalie Collin, coprésidente du directoire. Et c’est à la suite de cette rencontre que les deux dirigeants se seraient engagés à « rouvrir des discussions avec Médiamétrie au sujet des changements intervenus sur le site, en collaboration étroite avec Rue89 ». Deux autres revendications des grévistes seront également respectées puisque le nombre de salariés dans l’équipe sera maintenu durant les deux ans à venir tout en permettant aux journalistes qui le souhaitent de partir. Selon Europe1.fr, Pierre Haski, le patron de Rue89, a ainsi confirmé que l’enveloppe budgétaire de deux journalistes en CDD sera ajoutée au budget 2014 du site.

La rédaction du site semble donc satisfaite des engagements obtenus auprès de la direction de la maison-mère. Selon Europe1.fr, les journalistes expliquent être “désormais impliqués” dans un processus d’amélioration de l’affichage de leur site, même s’il ne retrouvera pas son apparence précédente.

Camille Pettineo

Visuels : © Capture écran du site Rue89.com

Vidéo : © Youtube – Le Figaro
© Youtube – Le Nouvel Obs

Les soirées du week-end du 12 décembre
Trois histoires de Victorine Confiture d’Annette Tison et Talus Taylor
Camille Pettineo

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