Medias

Le grand père de l’édition s’est éteint

20 May 2010 | PAR Tristan Karache-Prudent

Robert Laffont est mort à Paris en ce mercredi 19 mai à l’âge de 93 ans. Il est le fondateur des éditions qui portent son nom.

Né à Marseille le 30 novembre 1916, rien ne prédestinait cet homme à construire son empire de l’édition. Au départ ce fils de bourgeois, diplômé d’HEC et détenteur d’une licence de droit s’ennuie fermement au sein de la société de remorquage et sauvetage en mer dont il est le secrétaire général et souhaite changer de métier. En 1940, alors que la cité phocéenne est en « zone libre », nombreux sont ceux qui s’y réfugient et parmi eux notamment des hommes comme le cinéaste André Hunebelle ou l’écrivain/poète Roger Allard qui vont influencer Laffont dans ses choix pour l’avenir. Se dirigeant d’abord vers le domaine cinématographique, il se ravise et s’aventure vers le monde de l’édition. Pourtant Guy Schoeler, responsable de l’édition Hachette de Marseille, avait tenté de l’en dissuader : « Mon pauvre ami, vous êtes tenté par les deux chemins qui mènent le plus sûrement à la ruine : le cinéma et l’édition. Le premier est sans nul doute le plus rapide, le second le plus raffiné…» Plus tard, les deux hommes s’affronteront par le biais de la concurrence puis deviendront partenaires.

En 1941, âgé seulement de 24 ans, le jeune homme lance sa maison d’édition et s’installe dans sa ville natale au quatrième étage d’un vieil immeuble de la rue Venture. Le premier livre à être publié fut l’adaptation par Gabriel Boissy de l’ouvrage « Œdipe Roi » de Sophocle. Grâce à la presse locale, la petite entreprise attire de nombreux auteurs comme François de Roux qui avait obtenu le prix Renaudot en 1935, Guillain de Bénouville, Marie Mauron et d’autres. En 1944, la société débarque à Paris pour s’arrimer au 30 rue de l’Université dans le 7ème. Il s’intéresse aussi bien aux auteurs populaires qu’aux grands venant de l’étranger, ainsi il rachète les droits de  traduction de Graham Greene et Dino Buzzati. En 1948, Hachette tente de racheter l’entreprise par le biais de Guy Schoeler mais c’est René Julliard qui obtient l’édition. Ce n’est que 12 ans plus tard que Robert Laffont retrouve sa liberté grâce à l’investissement d’un jeune banquier, Jean Lambert. En 1963, la société s’installe place Saint-Sulpice. En 1977, il s’approprie le Quid.

Le père laisse derrière lui 5 enfants dont trois travaillant dans l’univers de l’édition. Grâce à lui, des best-sellers comme « l’attrape-cœur » de JD Salinger ou les ouvrages de Jean Raspail ainsi que ceux d’Olivier Todd font partie des oeuvres proposées par les éditions Robert Laffont. Dans un communiqué fait par l’Elysée, le Président de la République rend hommage au « très grand père de l’édition française qui nous quitte ». Le président de la République à souligné le fait que « loin des coteries mondaines, Robert Laffont a compris qu’on ne se diminuait pas à vouloir accroître le cercle des lecteurs en rendant les livres plus populaires, moins chers, plus accessibles ».

Cannes ? Berlin ? les jalousies berlinoises …?
The Drums au Grand Journal
Tristan Karache-Prudent

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