« Mad Men », la série qui rend fou
« Dieu lui-même croit à la publicité : il a mis des cloches dans les églises » disait Aurélien Scholl, journaliste au Figaro au milieu du siècle dernier. Le marketing, une jeune fille en fleur de discipline née du mariage polygame de l’ethnologie, la psychologie et la sociologie est loin de n’avoir que des amis. Chacun voit d’un mauvais œil ce qui est souvent qualifié de dérive du marché global, de perversité capitaliste et autre qualificatifs peu reluisant. Pourtant, ces réfractaires tels que le mouvement Anti-pub et les suiveurs pseudo-bobo de Naomie Klein et leur bible « No logo » ne peuvent nier la puissance de la publicité et son extraordinaire pouvoir de persuasion. D’où vient -elle et qui est-elle ? Au-delà de son existence non institutionnalisée, avant que celle-ci n’envahisse les bancs des écoles et les départements communication des entreprises, la publicité a vu le jour sur Madison Avenue dans les balbutiements d’un capitalisme après guerre.

Mad Men nous plonge au sein de l’agence Sterling Cooper et nous invite à suivre le très charismatique Donald Draper dans ses pérégrinations de yuppie des sixties naissantes. HBO, la chaîne productrice de séries, l’a pourtant refusé et s’en mord aujourd’hui les doigts. Elle nous a pourtant habitué à de grands crus télévisuels en matière de série avec entre autres « Six feet under » , la magistrale « the Soprano » et encore la spectaculaire « Rome ». L’équivalent de notre Canal + Outre atlantique s’est fait doublée par AMC , petite chaîne montante du câble US avec cette petite bombe de perfection dont la profondeur des personnages et la qualité de la mise en scène n’a rien a envier à De Palma.
L’existence du publicitaire est à première vue aussi lisse que l’emballage plastique des premiers sous-vides, une épouse douce à la beauté hitchcockienne, deux enfants, un golden retriever, une magnifique demeure en banlieue et une maîtresse avec juste ce qu’il faut de fantaisie. Mais le vernis présente des traces de craquelures et le scénario, merveilleusement bien ficelé, nous plonge dans les méandres des souvenirs et des mensonges de ce self made man à la manière de l’anti héros d’Hulbert Selby Jr dans « le Démon ». Ce « ad man » littéralement publicitaire d’où le nom de la série, nous apporte peu à peu les clés d’une réflexion sur les origines de notre société actuelle en mêlant avec habileté événements historiques, comme l’élection de Kennedy et de mutations sociétales bien au-delà de l’anecdotique histoire d’un WASP à la fin des années 5O. Dans un nuage de fumée et de vapeurs d’alcool, « Mad Men » incarne avec certitude la série de l’année, débarquant à point nommé en plein cœur de la crise économique actuelle, nous remémorant ainsi la nécessité de nous interroger sur les événements du passé afin de nous révéler avec justesse dans le présent. Regardez et plus jamais vos céréales n’auront le même goût.
« Mad Men » actuellement sur Canal + et Tps star, un avant-goût avec le teaser de la saison 3, diffusée à partir d’août aux Etats-Unis