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Lutte contre le Sida : la désinformation nous guette

Lutte contre le Sida : la désinformation nous guette

01 December 2016 | PAR Joanna Wadel

En ce jour de lutte mondiale contre le sida, il est légitime de s’interroger sur la sensibilisation de la nouvelle génération aux voies de contraception : le préservatif est-il toujours une précaution d’ordre majeur pour les jeunes ? Un sondage lancé de concert par le distributeur de préservatifs français Terpan et le site L’étudiant met en avant des résultats inquiétants, révélateurs de lacunes profondes en matière d’information sur les IST et d’accès à la contraception. Le bilan a de quoi sidérer.

La désinformation : une question de génération ?

Les actions de lutte contre le Sida ont pris une ampleur considérable dans les années 80, suite à la découverte de la maladie sexuellement transmissible, qui demeure un tabou pour beaucoup. Malgré ces précautions, les générations suivantes n’ont pas bénéficié semble t-il, d’un tel encadrement. Ou du moins, différemment. Outre les interventions organisées dans les collèges et lycées pour présenter les différents modes d’accès à la contraception et approfondir quelques questions techniques, comme le traditionnel « Comment met-on un préservatif ? », la distribution des contraceptifs masculins, et surtout l’information sur la pilule et les IST ne seraient pas systématiques.

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Le sondage réalisé par le créateur des préservatifs « Smile » et « So sexy » ainsi que le site L’Etudiant sur un panel de plus de 700 français interrogés sur leur usage de contraceptifs et leur rapport aux maladies sexuellement transmissibles révèle plusieurs faits alarmants : près de 40% des participants estiment être peu ou mal informés, 4,5% affirment que le sida s’attrape en s’embrassant et que la pilule ou le stérilet protègent des IST. Les chiffres les plus incroyables constituent sans doute les 19% de répondants qui prétendent que le sida peut être transmis par les piqûres de moustiques, plus de 3% croient risquer quelque chose en s’asseyant sur des toilettes publiques.

Prolifération des IST

Depuis quelques années, les organismes pointent une recrudescence des infections sexuellement transmissibles, notamment la syphilis qui n’est plus seulement le lointain fléau du XVIIIème siècle mais bien une réalité contemporaine ignorée par plus de 65% des interrogés.

Les causes

Si la pilule a du mal à passer, c’est pourtant une réalité qui peut être palliée et qu’il ne faut pas négliger : le discours doit se diffuser et surtout s’actualiser. Car selon Kamal Yahiaoui, le président du laboratoire Terpan, du fait des progrès scientifiques qui font qu’aujourd’hui, dans nos pays occidentaux, il est beaucoup plus rare de mourir du Sida, de nombreux jeunes ne s’inquiètent plus de savoir s’ils en sont atteints, et ne font pas de la contraception une priorité. Pourtant, en France, on estime que plus de 150 000 personnes en sont porteuses cette année et que 30 000 ignorent être porteuses du virus.

Le sondage fournit une autre réponse, intemporelle celle-ci : la peur. Environ 70% des personnes interrogées affirment être certaines de n’avoir pas pris de risque, 18% sont angoissées par l’idée de se rendre dans un hôpital et 15% ne vont pas se faire dépister par crainte du résultat. Malgré le fait que la séropositivité soit l’affaire de tous, comme le rappelle Kamal Yahiaoui, le virus bénéficie d’une image discriminante. Rappelons que les témoignages de jeunes femmes pointées du doigt par certains membres de corps médical après avoir demandé la pilule du lendemain affluent sur la toile et sont devenues monnaie courante, de même que la place de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires est incomplète et encore trop restreinte.

Le prix des préservatifs a également de quoi refroidir les plus modestes et demeure encore trop élevé pour la plupart des jeunes, certaines boites allant jusqu’à 10 euros !

La lutte continue

Affiche de @cafecapote
Affiche de @cafecapote

Aujourd’hui la Ville de Paris se mobilise et lance à nouveau l’opération « Café capote », pour un café acheté dans les établissements partenaires, un préservatif masculin est offert. Les VTC Allocab et les Taxi Moto français en partenariat avec les préservatifs “Smile et “So Sexy distribuent également des préservatifs pour toute course effectuée à bord des véhicules partenaires. Un bon début qui devrait faire des émules et se standardiser pour que la situation évolue.

Quelques infos 

Où trouver des préservatifs gratuits et s’informer : http://sante-medecine.journaldesfemmes.com/faq/1325-preservatifs-gratuits-ou-se-les-procurer

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Joanna Wadel

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