Actu
Le prix Albert Londres de la presse écrite est décerné à Margaux Benn, reporter au Figaro

Le prix Albert Londres de la presse écrite est décerné à Margaux Benn, reporter au Figaro

30 November 2022 | PAR Mai Linh Tang Stievenard

Lundi 28 novembre avait lieu la remise du prix Albert Londres. Pour le 90e anniversaire de la mort d’Albert Londres, la remise des prix s’est tenue à Riga en Lettonie. Le prix Albert Londres de la presse écrite revient à Margaux Benn, reporter au Figaro.

La sélection était présidée par le journaliste Henri Brusini, lauréat du prix en 1991. Celui-ci a déclaré que « cette année, le journalisme a essayé d’être à la hauteur de l’histoire, tout en s’interrogeant sur les injustice de notre société.»

Une journaliste tenace

Présélectionnée à deux reprises pour le prix Albert Londres, Margaux Benn, reporter franco-canadienne au service “Etranger” du Figaro, remporte le 84e prix Albert Londres de la presse écrite pour ses reportages sur la guerre en Ukraine publiés dans Le Figaro. Diplômée de l’Université St Andrews en Ecosse et de l’Institut d’études politiques de Paris, elle succède à Caroline Hayek qui avait été récompensée pour ses séries de reportages sur la vie au Liban après la double explosion du port de Beyrouth.

« Elle a un air de perpétuelle petite fille douce et presque naïve. Elle ne l’est en réalité pas du tout. Elle est extrêmement décidée », souligne Véronique de Viguerie, photographe qui a travaillé avec elle en Afghanistan et en Ukraine. Si Margaux Benn est décrite comme d’apparence douce et innocente, il n’en en rien.

Nous ne pouvons que bondir face ces mots. Etre une journaliste reporter ce n’est plus répondre à l’image de la globe-trotteuse, idée archaïque véhiculée par la fille d’Albert Londres et créatrice du prix en l’honneur de son père. Notre identité et notre façon d’être ne doivent pas définir la façon dont nous sommes considérés ni déterminer le crédit qu’on nous accorde. Etre reporter, c’est avoir une identité propre mais aussi une approche singulière et unique dans son travail. Tout comme le journalisme possède une pluralité de formes, de genres et de supports, le ou la reporter possède une façon d’être, de se comporter et d’appréhender le monde qui n’appartient qu’à lui, qu’à elle.

Journaliste aguerrie aux zones de conflits, Margaux Benn a été récompensée l’an dernier par le Prix Bayeux des correspondants de guerre en radio pour son reportage A Kandahar, des villages entiers sont devenus terrains minés diffusé sur Europe 1 dans l’émission Les Carnets du monde.

L’art de raconter l’indicible

Margaux Benn arrive dans un Kiev assiégé. Elle confie : « Ce qui m’a le plus frappée : l’incroyable esprit de résistance et de solidarité des Ukrainiens, tant par sa force que par son organisation et son efficacité. Et le tout, souvent, avec un mélange de détermination, d’humour, d’intelligence et de bravade ». Avec une infini tendresse et une grande sensibilité, elle retrace le quotidien des Ukrainiens dans un pays en guerre, le tout avec une plume remarquablement ciselée.

Margaux Benn a couvert l’Ukraine en mars 2022 après avoir assuré des reportages en Afghanistan pendant quatre ans. Sans parler un mot d’ukrainien, la reporter est parvenue à raconter les émotions des jeunes Ukrainiens et des femmes parties au front. Elle a réussi à mettre en mot l’indicible, l’horreur des corps massacrés sur les routes d’Irpin et de Boutcha, à relater la paralysie du port d’Odessa. Le jury a salué son style, son écriture enviable et a respecté sa « tendresse dans le regard posé sur ceux qui sont au front» mais aussi «des angles inattendus et un renouvellement permanent de son art du récit».

Les autres lauréats

Le 38e Prix de l’audiovisuel est attribué aux journalistes Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova pour leur film Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine diffusé par France 5 et produit par Capa presse. Leur film a été qualifié de « terrifiant et glaçant » ainsi que de « précurseur et prémonitoire » par le jury. Jousset et Bolchakova ont été les premières à documenter les actions des mercenaires russes. Le jury récompense une enquête fouillée et implacable, un travail dangereux sur des terrains où le prix de la vie ne vaut pas cher.

Le 6e Prix du livre est décerné au journaliste de presse et de télévision Victor Castanet pour son livre-enquête Les Fossoyeurs paru aux éditions Fayard. Son livre est le résultat d’une enquête de plus de trois ans sur les maltraitances infligées aux résidents dans les Ephad. Son investigation dénonce également l’obsession du profit chez Orpea. Son livre a abouti à des perquisitions dans le cadre d’une enquête ouverte pour « maltraitance institutionnelle ». Il est aujourd’hui vendu à 170 000 exemplaires.

Un Prix d’honneur a été décerné à Andriy Tsaplienko et Sevgil Musaieva, respectivement envoyé spécial 1+1 Media Ukraine et rédactrice en chef de Ukrainska Pravda afin de témoigner aux journalistes ukrainiens une solidarité pour le travail effectué sur la guerre qui frappe leur pays. Ce prix leur sera remis à Kiev par une délégation de journalistes du Prix Albert Londres.

Visuel : © Photographie d’une machine à écrire vintage sur table / Dzenina Lukac – Pexels

Paramount arrive avec son service de vidéo à la demande en France
Week-End à Rennes
Mai Linh Tang Stievenard

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration