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Le mythe de la fin du monde, l’origine biblique transfigurée

Le mythe de la fin du monde, l’origine biblique transfigurée

20 December 2012 | PAR Marie Pichereau

Le « mythe » autour de la fin du monde, du jugement dernier est un thème des plus présents dans notre civilisation. Depuis des siècles, on l’illustre et le retranscrit à travers bon nombre de supports et de différentes manières. Mais ce mythe inquiétant et en fait une interprétation d’une croyance originelle bien moins catastrophique qu’on voudrait le faire croire.

La fin du monde telle qu’on la visualise aujourd’hui est celle qui s’inspire directement des écrits bibliques. Il s’agit en particulier de deux passages précis, celui de la Thora dans la Genèse avec le Déluge et l’Arche de Noé ainsi que celle qui se situe la fin de la Bible chrétienne, l’Apocalypse selon St jean. Il y est annoncé l’ultime combat entre Dieu et le Diable, qui permettrait selon les écrits: «aux hommes bons de vivre en harmonie sur la Terre». Ce chapitre se divise en deux parties. C’est la seconde qui sera la plus fructueuse en termes de représentations. Elle semble être celle qui est véhiculée avec le plus d’intérêt dans notre imaginaire. Elle est intitulée : «Visions prophétiques». On y découvre l’Armagédon et entre autres choses, les chevaliers de l’Apocalypse. Ces deux images fortes avant d’être réinterprétées, étaient une véritable source d’inspiration pour les arts. Les expressionnistes allemands s’étaient servis de ce mythe de l’apocalypse comme d’un mode de pensée mêlant provocation et révolution. Ils l’ont perçu comme une nouvelle façon d’agir, de penser, de se comporter et de créer. Bien loin de l’image actuelle.

Paradoxalement au fait que ce passage biblique symbolique et ésotérique ait eu du mal dans un premier temps, à être représenté et illustré, il semblerait désormais être omniprésent. Il nourrit même un certain imaginaire collectif. On trouve ce thème partout, dans les livres, les films et même récemment dans les publicités. Ce mythe et cette croyance autour de la fin du monde sont même devenus un sujet rentable.

Mais l’utilisation de cette source reste le plus souvent rattachée à une sorte de crainte universelle, une crainte de la peur bien ancrée au sein de notre culture.
Loin du synonyme d’espoir et de révélation tel qu’il est véhiculé dans la bible («apocalypse» étant la transcription du terme grec « apokalupsis » signifiant une mise à nu, une révélation); désormais cette image apocalyptique nourrit essentiellement les angoisses. Cette thématique de la peur est d’ailleurs particulièrement visible au travers des productions cinématographiques. On se sert des images fortes (chevaliers de l’apocalypse, l’ange muni de sa faux, le déluge) présentes dans ces passages bibliques tout en les utilisant pour véhiculer la crainte. Il est donc question de la mort, de la destruction de l’espèce humaine, au travers de catastrophes naturelles,(Le jour d’après, 2012) d’explosion de la terre (Armagédon) ou encore d’armées d’anges qui viendraient punir l’homme de ses péchés ( Légion : l’armée des anges, Les rivières pourpres II). On ne peut que remarquer l’importance de l’apport biblique au sein de ces différentes représentations. Ce mythe a été totalement réinterprété et a influencé notre manière d’appréhender et de visualiser la fin du monde, si fin du monde il y a…

Des mythes de l’Antiquité aux évangiles, puis plus récemment à travers les différents médias (presse, publicité, cinéma), l’imaginaire occidental a été largement façonné par les récits et particulièrement les mythes bibliques. En plus d’avoir été mal interprété, ce mythe à même fini par être totalement transfiguré. Dans son utilisation actuelle, le mot «apocalypse» a pris une coloration négative. Il est devenu synonyme de catastrophe, de ruine ou encore de malheur. Le terme d’apocalypse à son origine ne se voulait que porteur d’espérance et nullement messager de destruction. Ces différents supports démontrent l’utilisation pessimiste du mythe et de la croyance de l’apocalypse, au sein d’un imaginaire collectif non modifiable. Or l’apocalypse selon St Jean n’est ni pessimiste ni déterministe et encore moins fataliste. Dès lors on confond aisément la fin du monde « celle de l’humanité » et l’apocalypse. On peut donc se demander si la peur apocalyptique n’aurait  pas une fonction sociale ? Cela pourrait expliquer pourquoi les médias s’en sont emparés de manière aussi abusive. Le succès de cette idée catastrophique de l’apocalypse est révélatrice des angoisses contemporaines. Être témoin de cette fin du monde par le biais de publicités, d’articles ou encore de films, prépare psychologiquement au pire. L’homme relativise ses angoisses qui deviennent du même coup futiles, face à un phénomène d’une telle ampleur. On se nourrit de cette peur, pour se rassurer et se déculpabiliser.

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Marie Pichereau

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