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L’avocate et féministe Gisèle Halimi est morte

L’avocate et féministe Gisèle Halimi est morte

28 July 2020 | PAR Alice Martinot-Lagarde

Grande avocate et défenseuse déterminée des droits des femmes, battante et insoumise, Gisèle Halimi est décédée le mardi 28 juillet à l’âge de 93 ans. 

Elle est l’avocate pour qui “Les conquêtes des femmes ont toujours, dans l’Histoire, fait progresser la société et la démocratie“. Gisèle Halimi aura œuvré toute sa vie à l’amélioration de la condition féminine et n’aura cesser de défendre des causes difficiles avec convictions, notamment en se battant pour la libéralisation de l’avortement puis pour la criminalisation du viol. 

Un engagement inné 

Zeiza Gisèle Élise Taïeb née à Tunis le 27 juillet 1927. L’éducation traditionaliste qu’elle reçoit lui forge un esprit contestataire, ce qui lui vaudra une relation compliqué avec sa mère qui ne supporte par la caractère effronté de sa fille. Celui-ci se manifeste dès son plus jeune âge, lorsqu’à seulement 10 ans, elle entame une grève de la faim pour faire valoir son droit à la lecture. Elle se battra aussi quelques années plus tard pour ne plus faire le lit de son frère, son combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes commençait déjà. À 16 ans, elle refuse un mariage arrangé et part étudier le droit à Paris. Elle reviendra par la suite en Tunisie pour exercer avant de retourner en France en 1956 mais reste très attachée à son pays natal. 

Son engagement ne se contente pas au féminisme. Elle milite pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie. Elle dénonce les tortures pratiquées par l’armée française, et devient l’avocate de Djamila Boupacha, militante du FLN, torturée et violée par des parachutistes français durant sa détention. Elle présidera par la suite une commission d’enquête sur les crimes de guerres américains au Vietnam.

Mariée à Paul Halimi, administrateur civil au ministère de l’Agriculture, dont elle gardera le nom, elle se remarie avec Claude Faux, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle a été l’amie et l’avocate. Elle aura trois fils de ses deux mariages, raison pour laquelle elle entretient plus tard une relation passionnelle avec sa petite fille qu’elle analyse dans Histoire d’une passion, son dernier livre publié. Elle a aussi confié qu’elle aurait aimé avoir une fille pour “mettre à l’épreuve” son engagement féministe.

L’avocate des femmes

Attachée à ses convictions, elle est de ces femmes qui n’ont pas eu peur de les afficher. En 1971, elle fait partie des signataires du Manifeste des 343, dit des “343 salopes” publiée dans le Nouvel Observateur et avoue alors avoir avorté illégalement s’exposant ainsi à des poursuites pénales. Par la suite, elle fonde avec Simone de Beauvoir le mouvement Choisir la cause des femmes qui milite en faveur de la dépénalisation de l’avortement. Mais c’est le procès de Bobigny, où Marie-Claire, 16 ans, y est condamné pour avoir avorté après un viol, qui marquera le combat pour la légalisation de l’IVG. Le procès est retentissant et permet à Simone Veil de porter la cause à l’Assemblée nationale deux ans plus tard. 

Sa bataille ne s’arrête pas là et elle décide une nouvelle fois de contester la loi en affichant son combat pour la criminalisation du viol. À Aix-en-Provence, en 1978, elle défend deux femmes belges, violées par trois hommes alors qu’elles campaient dans les calanques. Les violeurs sont condamnés et le procès ouvre vers la loi de 1980 qui reconnait le viol et l’attentat à la pudeur comme un crime, jusque là considérés comme des délits dans le droit français. 

Elle continue son engagement politique en tant que députée socialiste de l’Isère après l’élection de François Mitterrand, qu’elle soutenait depuis 1965 et porte le projet loi pour le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse et dénonce la misogynie dans les plus hautes strates du pouvoir. Elle prendra aussi position contre la peine de mort et pour la dépénalisation de l’homosexualité. En 1998, elle fait partie de l’équipe qui crée l’association altermondialiste ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). 

 

 

 
 
 
 
 
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Gisèle Halimi.

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Visuel : © Olivier Tétard 

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Alice Martinot-Lagarde

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