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La mort de l’enchanteur et poète Christian Bobin

La mort de l’enchanteur et poète Christian Bobin

28 November 2022 | PAR Camille Curnier

C’est par un communiqué de son éditeur Gallimard ce vendredi 25 novembre que le monde prend connaissance du décès de Christian Bobin. Anticonformiste et amoureux de la vie, sa plume et sa prose ont permis d’offrir plus de 40 ans de respirations et de réalité sociale. 

L’œuvre d’une vie sur une toile de légèreté

Né en 1951 en Bourgogne, Christian Bobin est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages oniriques dans lesquels il se raconte autant qu’il contemple le monde. C’est dans les écritures de Jean Grosjean qu’il trouve une inspiration ; des œuvres qui parlent à la fois de leurs auteurs et qui font écho aux cœurs de ceux et celles qui les lisent. Christian Bobin écrit depuis la fin des années 1970 mais ne se fait remarquer qu’en 1993 en remportant le Prix des Deux Magots pour son ouvrage Le Très-Bas paru en 1992 chez Gallimard. Un texte consacré à François d’Assise où il décrit son rapport à Dieu. Une relation d’amour sans concession, de joie et d’enfance qu’il oppose frontalement à une vision du “Très-Haut” comme sévère et austère. Il continuera d’attirer pendant plusieurs années les amoureux de l’émerveillement et de la poésie au travers de ses récits empreints de la beauté et de la tragédie de l’existence. Il écrira en 2022 sa dernière œuvre Le Muguet rouge dans laquelle il nous livre encore une fois sa vision du monde aux apparences tranchantes et amères, aux airs heureux et chatoyants. C’est avec légèreté que nous entrons à chaque rendez-vous dans les livres de Bobin. L’art de tisser l’imaginaire et de porter les mots comme un peintre étalerait sa palette de couleurs sur une toile. Chaque œuvre nous transporte dans les chemins du quotidien et dans un rêve éveillé complexe sur notre société.

L’émerveillement et l’amour de l’instant sans naïveté

Un grand homme qui parle, vit et écrit poésie, et qui pourtant n’aime pas se définir comme tel. Pour Christian Bobin, on n’associe pas le nom d’une personne à un domaine de la vie, on ne lui colle pas une étiquette. Les gens qui savent tout, une fois pour toutes n’existent pas, les savants non plus. Souvent présenté comme écrivain, philosophe ou poète, il se décrit comme “l’oiseau que l’on met dans la cage de l’émerveillement” et se méfie de ce que l’on définit comme figé. Toute définition est une cage. Parler et écrire ne sont pas des arts méthodiques, “J’écris en lançant ma main dans le noir”. Bobin parle droit et simplement pour évoquer l’émerveillement et la joie dans ses textes. Un émerveillement qui selon lui ne peut faire l’objet d’une méthode, c’est l’idée qu’il n’y a pas de théorie de la joie. Tout comme l’amour et le rire, ces sentiments viennent quand on ne s’y attend pas. L’écriture vient d’un “jaillissement d’une présence” et non pas de la recherche. Christian Bobin est une âme tourmentée par la contemplation du bien et du mal. L’émerveillement est un tout qui se nourrit aussi bien dans la lumière que dans la noirceur, il faut saisir les moments où la vie est au rendez-vous pour cueillir les bribes qui nous font vivre et nous font respirer.

“Aimer quelqu’un, c’est le lire. C’est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l’autre, et en lisant le délivrer. C’est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère. Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et, quand je regarde un visage, j’essaie de tout lire, même les notes en bas de page.”

Christian Bobin –  La Lumière du monde (2001)

 

VISUEL : © ULF ANDERSEN / Aurimages via AFP

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